Le 18 août 2023, Bigard a communiqué par courrier son intention de quitter le Marché du porc breton (MPB) à travers le départ de l’abattoir Abera (Ille-et-Vilaine) que Bigard avait racheté en 2022 au groupe Avril, devenant ainsi le deuxième abatteur de porcs en Bretagne. Bigard/Abera ont 12 semaines pour s’affranchir du marché, avec une baisse progressive des achats. Les raisons invoquées par Bigard pour justifier son départ du MPB seraient : l’augmentation de l’offre au marché du cadran alors qu’il y a une baisse de production, l’absence d’une cotation spécifique mâle entier et une qualité du porc en baisse. Des arguments qui font bondir la profession.
Sans nos outils (MPB-Uniporc), les petits élevages disparaîtront
Le modèle familial de 200 truies en pointillé
Pour Michel Bloch, président de l’Union des groupements, « ce retrait représente un gros risque pour le MPB et donc pour Uniporc. Un prix transparent, associé à une grille respectée par tous, est une condition indispensable si l’on veut maintenir une production de 23 millions de porcs en France. Sinon, c’est la fin de l’élevage à capitaux familiaux, avec des éleveurs chefs d’entreprise. Nous observerons alors un isolement des éleveurs avec une montée de l’individualisme, comme dans la société. Nous défendons un modèle qui permet aussi bien à des élevages de 150 truies qu’à des ateliers de 1 000 truies de dégager de la rentabilité. Sans nos outils (MPB-Uniporc), les petits élevages, pourtant performants, disparaîtront. L’horizon serait alors l’intégration, comme en Espagne ou le modèle danois à 1 000 truies par élevage. Il en va aussi du renouvellement des générations ». Pour la FRSEA et JA Bretagne les raisons invoquées par Bigard ne sont que des prétextes : « Le MPB est cohérent avec les flux de production : il y a une baisse de 8 % sur le catalogue par rapport à l’année dernière ; s’il y a nécessité de revoir la grille de rémunération en y intégrant le mâle entier, une double cotation ne saurait être une solution satisfaisante pour les éleveurs. C’est un travail qui est en cours via le Comité régional porcin. Enfin, la qualité du porc français et breton ne cesse d’augmenter et Bigard n’a lui-même jamais évoqué un quelconque problème de qualité lorsque la question a été abordée avec eux ». Malgré cela, la profession ne ferme pas la porte et se dit prête à discuter de certains ajustements avec l’abatteur.
« Résistons ! », le mot d’ordre de la FRSEA et de JA Bretagne
« Nous devons garantir nos acquis. Sinon, dans un premier temps, Bigard viendra face aux OP et aux éleveurs en direct avec des contrats attractifs. Mais lorsqu’il aura sécurisé son approvisionnement, il sera maître de ses prix, déconnectés du marché et des coûts de production. S’il peut paraître intéressant de faire prévaloir les intérêts individuels aux intérêts collectifs dans un premier temps, la situation s’inversera quand le rapport de force sera durablement aux mains de quelques-uns ».