Se préparer à la raréfaction de l’eau

L’année 2022 a montré que l’eau ne coule pas toujours de source en Bretagne. Et qu’il faut se préparer à ce que l’exception devienne la norme.

17404.hr - Illustration Se préparer à la raréfaction de l’eau
De d. à g.: Arnaud Lécuyer, vice-président à l’agriculture à la Région ; Jean-Pierre Rivery, président CCI Bretagne ; Didier Le Guellec, directeur légumes industrie Eureden ; Pierre Ribaut, directeur général Eau France Veolia.

Il y a ceux qui tentent de démontrer sur la base de l’été 2023 que 2022 est une exception en termes de pénurie d’eau. Et puis il y a les autres qui se projettent. « Nos voisins espagnols ont des problèmes d’eau qu’on aura demain. Il faut aller voir comment ils gèrent la chose », a encouragé Pierre Ribaut, directeur général Eau France Veolia,  lors d’une table ronde, le 7 septembre,  au Forum économique à Saint-Malo. Et d’insiter : « On ne sait pas ce qu’est le manque d’eau. Or, 2022 va devenir la normalité. Car c’est une banalité de le dire : plus il va faire chaud plus ça va être sec ».

Il faudra capter l’eau

Pierre Ribaut retient la projection d’une baisse du niveau des rivières et de l’étiage des nappes de 20 à 40 % en Bretagne. De quoi changer la donne comme le mentionne Arnaud Lécuyer, vice-président à l’agriculture, l’agroalimentaire et l’alimentation à la Région, rappelant que, « pour la première fois en 2022, des entreprises ont manqué d’eau. Et qu’après les injonctions de baisser les consommations d’eau pour l’industrie de 10 %, puis de 25  %, un palier supérieur portant à zéro la consommation était prévu si la situation s’était prolongée ». C’est pourquoi les entreprises agroalimentaires attendent avec impatience que la Première ministre autorise la réutilisation de l’eau. « Cela représente un volume de 2,5 millions de m3, soit l’équivalent de la consommation d’une ville comme Quimper », chiffre Arnaud Lécuyer.

Les industries agroalimentaires sont aussi tributaires de la production agricole très sensible au manque d’eau. « En Bretagne, on pratique une irrigation d’appoint. Là où nous pouvons nous contenter d’un tour d’eau (un arrosage), il en faut 6-7 dans le Sud de la France », évoque Didier Le Guellec, directeur légumes industrie Eureden, non sans rappeler les grandes disparités en termes de besoins entre territoires bretons. « Le problème de la Bretagne est que l’eau circule dans les failles granitiques, ce qui fait que nous avons peu de réserve. Comme elle n’est pas présente dans le sol, il faudra la capter », ajoute-t-il.

Pas de pompage 

« La Région soutient les retenues collinaires, mais on ne subventionnera pas l’irrigation des grandes cultures et notamment le maïs », poursuit Arnaud Lécuyer, tout en précisant que l’on se situe « en moyenne sur des réserves 10-15 fois moins importantes que les Deux-Sèvres. Et s’agissant de réserve collinaire (de 20 à 40  000 m3), il n’y a pas de pompage dans les nappes phréatiques ». 

Sobriété et solidarité

Initiative de Veolia, le plan Éco d’Eau vise la sobriété, l’efficacité et la solidarité. Une première expérimentation est en cours dans le Morbihan. « Le fait de mesurer sa consommation, on économise », observe déjà Jean-Pierre Rivery, président CCI Bretagne.

« En agriculture, le recours à des sondes capacitatrices permet d’économiser 20 à 25 % d’irrigation », indique par ailleurs Didier Le Guellec, en précisant qu’en aval « 35 % de l’eau de l’industrie d’Eureden est réutilisée et l’essentiel des eaux sales sert à l’irrigation ». 


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