Du nouveau sous le soleil

L’envolée du prix de l’électricité impacte fortement les coûts de production agricole. Pour limiter la hausse de leur facture ou dégager des revenus complémentaires, de plus en plus d’agriculteurs se tournent désormais vers le photovoltaïque. Le point en compagnie de Ronan Simon, responsable adjoint du marché de l’agriculture au Crédit Mutuel de Bretagne.

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La taille moyenne des projets d’installation photovoltaïque a tendance à augmenter. Au CMB, la majorité des dossiers étudiés actuellement se situe entre 200 et 250 kWc.

Le photovoltaïque connaît aujourd’hui un regain d’intérêt de la part des agriculteurs…

Le photovoltaïque n’est pas quelque chose de nouveau pour le secteur agricole. De nombreux projets ont vu le jour au début des années 2000. Ensuite, l’intérêt s’est un peu émoussé avec la baisse du prix de rachat tandis que le tarif réglementé de l’électricité restait maîtrisé. Mais depuis quelque temps, plusieurs éléments sont venus modifier la donne. L’arrêté d’octobre 2021 fixant les conditions d’achat de l’électricité produite par les installations implantées sur les bâtiments, hangars ou ombrières a vraiment redynamisé le photovoltaïque. Outre la révision à la hausse des tarifs avec obligation d’achat sur 20 ans, il y a eu le relèvement du plafond de puissance qui est passé de 100 kilowatt-crête (environ 500 m² de panneaux) à 500 kWc. Les producteurs d’électricité bénéficient aussi désormais d’une plus grande flexibilité puisqu’ils peuvent choisir entre l’autoconsommation totale, l’autoconsommation avec vente du surplus et la vente totale. Avec la possibilité de basculer d’un schéma vers un autre en cours de contrat. Par ailleurs, au plan mondial, le déclenchement de la guerre en Ukraine a entraîné des tensions sur le marché de l’électricité et une augmentation des prix de l’énergie. La combinaison de ces différents éléments se traduit par un contexte aujourd’hui beaucoup plus attractif pour le photovoltaïque.

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« Une installation photovoltaïque demeure toujours un cas particulier, parce que chaque exploitation est différente », Ronan Simon, responsable adjoint du marché de l’agriculture au Crédit Mutuel de Bretagne.

Toute la Bretagne est-elle concernée ?

Oui, il n’y a pas de partie du territoire régional qui soit exclue. Et le photovoltaïque peut présenter un intérêt pour la plupart des productions agricoles. Bien sûr, le rendement des installations varie suivant les implantations. Mais cela reste intéressant économiquement. Nous travaillons en concertation avec l’Apepha (Agriculteurs producteurs d’électricité photovoltaïque associés), et le retour d’expérience de cette association démontre que le Finistère Sud est l’une des zones bretonnes les plus efficaces.

Une installation photovoltaïque demeure toujours un cas particulier, parce que chaque exploitation est différente. Il faut prendre en compte l’orientation du bâtiment, l’angle de pente de la toiture, la présence éventuelle de masques, de poussières… En fonction du profil de consommation électrique de son exploitation et de ses attentes, un agriculteur pourra avoir intérêt à opter pour l’autoconsommation, la revente totale, ou alors un mix. Il y a plein de questions à se poser dès la genèse du projet. Il ne faut pas hésiter à solliciter les expertises en amont. Y compris sur des points très précis comme la structuration juridique de la société qui portera l’installation photovoltaïque ou le volet assurance de l’équipement et du bâtiment support.

Quelles formules de financement proposez-vous ?

Comme pour tout investissement, nous commençons par examiner la cohérence du projet par rapport à la stratégie de l’exploitation. Puis, nous construisons un plan de financement sur-mesure, en adaptant le montant des échéances, la durée avec éventuellement un différé de remboursement… L’accompagnement des transitions environnementales étant l’un des axes prioritaires de son plan à moyen terme, le Crédit Mutuel de Bretagne a créé Agrinovéo, une solution dédiée à la transition énergétique des agriculteurs. En clair, il s’agit d’un prêt à un taux attractif puisqu’il est bonifié par le CMB. Nous pouvons également proposer des formules de crédit-bail en partenariat avec Arkéa Crédit Bail, la filiale spécialisée du Crédit Mutuel Arkéa. Quel que soit le financement choisi, pour les installations photovoltaïques, nous sommes généralement sur des durées de 10 à 12 ans.

Quelle est la taille moyenne des projets ?

Cela a tendance à augmenter. La majorité des dossiers que nous étudions actuellement se situe entre 200 et 250 kWc. Mais les projets en autoconsommation sont souvent, eux, sur des puissances moindres car ils sont calés sur les besoins en électricité de l’exploitation. Dans tous les cas de figure, la réflexion et l’anticipation constituent des gages de réussite. C’est dans cette optique que nous avons formé nos équipes de responsables et de chargés de clientèle agricole et que nous proposons, à travers la Bretagne, une vingtaine de réunions d’information (cf. encadré) à destination des agriculteurs intéressés par le photovoltaïque.

Quid de l’agrivoltaïsme ?

La loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables a instauré un cadre légal pour l’agrivoltaïsme. L’équipement photovoltaïque doit alors apporter un service sur la parcelle agricole où il est installé : amélioration du potentiel agronomique, adaptation au changement climatique, protection contre les aléas, amélioration du bien-être animal… Il y a des projets qui voient le jour à travers la France, notamment en élevage ovin et en viticulture. Ce n’est que le début mais nous y sommes attentifs.

Propos recueillis par Jean-Yves Nicolas

Faire rayonner l’information

En cette matinée de fin septembre, ils sont une vingtaine d’agriculteurs du Finistère Sud à avoir répondu à l’invitation des pôles professionnels CMB de Châteaulin et de Quimper Kerfeunteun. Certains sont déjà bien avancés dans leur projet d’installation photovoltaïque, d’autres débutent juste leur réflexion. Réunis dans la salle municipale de Plonévez-Porzay, tous écoutent avec attention les explications de Thierry Pouliquen, du cabinet de conseil Cerfrance. Cadre tarifaire, stratégie à privilégier en fonction de sa consommation, points de vigilance… Tous les aspects sont abordés et illustrés à travers l’étude de cas concrets. Et pour ce qui est du financement, les spécialistes du CMB et d’Arkéa Crédit Bail sont là pour exposer les avantages des différentes solutions, en toute clarté. Pas de doute, le solaire se lève à l’ouest !

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