Dossier technique

L’effet bœuf du ruminant

À l’image de certaines graines qui ont besoin d’incendie pour germer, certains champignons ont besoin de passer dans un rumen pour se développer. Avec un effet évident sur la vie et la fertilité du sol.

17644.hr - Illustration L’effet bœuf du ruminant
Les spores de champignons « décomposeurs de matière organique » sont réveillées en passant dans le rumen.

Pour Francis Bucaille, agriculteur et consultant en agronomie, le meilleur livre d’agronomie est celui de la nature. À condition de savoir regarder. « Pendant des millénaires, le sol s’est auto-entretenu, autorecyclé en équilibre avec la flore, la faune, le microbiote et le climat. Et sa production de biomasse annuelle est souvent impressionnante : jusqu’à 30 t MS/ha/an »… sans apport d’engrais. Autant en prendre exemple. Dans un biotope donné s’élabore un équilibre sol/faune/flore. Francis Bucaille, qui s’est penché sur le lien qui unit l’animal et la prairie, cite l’exemple « des savanes qui ne survivent pas sans ruminant. Sans leur présence, le désert avance ». Lever la dormance des spores « Les bactéries du rumen digèrent la partie la plus soluble de la ration. La bouse est la fraction non digérée constituée essentiellement de fragments de tissus lignifiés, de parois, de tanins, de cires et de bactéries mortes ou vivantes originaires en majorité du rumen », détaille l’agronome. « La bouse contient aussi des spores de champignons spécialisés dans la dégradation de la matière organique la plus insoluble ; des spores qui se trouvent naturellement sur l’herbe et que le bovin ingère en broutant », poursuit-il, précisant que le passage dans le tube digestif de l’animal contribue à lever la dormance de ces spores. Il cite ce chiffre : « Moins de 1 % de ces spores germe spontanément avant passage dans le tube digestif du ruminant. Après, 80-90 % germent ». Pas le même métabolisme Ces champignons sont indispensables pour décomposer les tissus végétaux lignifiés. Bonne pioche donc avec le pâturage qui favorise les champignons, alors que « la restitution de végétaux immatures, d’herbe broyée non digérée par un ruminant, d’engrais verts riches en éléments solubles, favorise les bactéries ». La résultante est que l’on ne retrouvera pas la même quantité d’humus stable dans le sol au bout du compte puisque le métabolisme des deux grandes familles…

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