Elle est là, et on l’oublie. Ou parfois on la honnit. Pourtant, l’Union européenne est à la France ce que la Communauté d’agglomérations est à la commune : un outil pour être plus fort ensemble. Ce fut le cas lors de la crise du Covid qui a vu se déployer une ébauche de l’Europe de la santé permettant à tous les Européens d’être promptement vaccinés. Ce fut le cas pour le rachat à coup de milliards de dettes des pays membres par la Banque centrale européenne. C’est actuellement le cas pour le premier plan de relance européen NextGenerationEU doté de 800 milliards d’euros.
L’UE doit accepter de mettre les moyens pour servir son ambition.
Ces programmes récents qui concernent au quotidien tous les Européens s’inscrivent dans les pas de la Pac, la plus vieille politique commune européenne, qui s’avère un soutien essentiel au revenu des agriculteurs et un levier efficace en matière de souveraineté alimentaire pour les 400 millions d’Européens qui, cerise sur le gâteau, peuvent se nourrir à pas cher. Faut-il en effet rappeler que la valeur du produit agricole sortie ferme ne représente que 1 % du budget des ménages, et que se nourrir ne coûte que 16 % de son revenu. Sécurité alimentaire… et sécurité tout court. On le voit avec l’invasion de l’Ukraine : l’UE constitue un bouclier politique.
Si l’Europe sait mettre les moyens dans l’adversité, son financement ‘ordinaire’ – c’est-à-dire hors coup dur – reste cependant figé à 1 % du produit intérieur brut. On ne fait pas grand-chose avec 1 %… On ne fait pas grand-chose avec un budget limité à 373 € par Européen. Comparativement le budget fédéral américain est de 18 000 $ par habitant. Certes une Union n’est pas une Fédération, mais l’UE doit accepter de mettre les moyens pour servir son ambition. L’ambition de protéger tous les citoyens en déployant également une politique solidaire, meilleur rempart contre l’euroscepticisme.