La cinétique d’absorption du blé tendre en azote est loin d’être linéaire. Faibles en début de cycle, les besoins en azote augmentent sensiblement à partir de la montaison pour atteindre un pic entre le stade « 2 nœuds » et le stade « floraison ». Par conséquent, l’intérêt du fractionnement de l’azote est indispensable pour optimiser le rendement et la teneur en protéines à la récolte. Il permet de suivre au plus près les besoins en azote du blé tout au long de son cycle. Pour piloter le premier apport réalisable à partir de février, la bande double densité se révèle être un indicateur simple et fiable.
L’efficacité d’un apport d’azote est d’autant plus grande que la vitesse de croissance de la plante à ce moment est élevée. De plus, l’azote non utilisé dans les 20-25 jours après le premier apport n’est plus disponible pour la culture (organisation par la biomasse microbienne, perte par voie gazeuse ou lixiviation). Les conditions hivernales présentent donc des risques de mauvaise valorisation qu’il est facile de contourner grâce à la méthode de cette bande double densité.
Un indicateur visuel
Le principe est de doubler la densité de semis (en travers ou en diagonale) sur une bande de 20 à 30 m de long et d’une largeur de semoir lors du semis du blé. Au sein de cette bande, le nombre de plantes obtenu étant doublé, la consommation d’azote sera plus importante et plus précoce que le reste de la parcelle. La décoloration jaune qui sera observée à partir de fin janvier dans cette bande traduira une carence précoce et permettra d’anticiper l’apport sans aucun préjudice pour le reste du champ. On dispose alors d’environ une semaine pour réaliser l’apport, quelle que soit la forme retenue.
Il est conseillé de relever le tasse-avant ou l’outil de travail du sol combiné au semoir. Doubler la densité sur la même ligne de semis en ouvrant la distribution du semoir est un mauvais choix car le nombre de plantes obtenues n’est pas réellement le double, et surtout la concurrence pour la lumière limite la biomasse, qui devient trop proche de celle de la parcelle, il est aussi déconseillé de relever le semoir et de faire une marche arrière pour ressemer au risque de compacter le sol. Enfin, choisir une zone représentative du champ en évitant fourrières, zones tassées, andains de paille, zones avec adventices…
Benjamin Collin, Émilie Quéméner / Arvalis