Fiscalité, abattoirs, communication… En présentant son « plan de reconquête », le 3 octobre au Sommet de l’élevage de Cournon (Puy-de-Dôme), le ministre de l’Agriculture a brassé large. Les filières animales – en particulier bovines – réclamaient un signal encourageant des pouvoirs publics, notamment sur le renouvellement des générations. « Depuis deux ans, les prix se tiennent, mais la baisse de production nous préoccupe », résume le président de la FNSEA Arnaud Rousseau. Marc Fesneau s’est donc montré rassurant, répétant que « nous avons besoin de l’élevage, pour nourrir et pour tout le reste, y compris pour les transitions ». Paradoxalement, la mesure la plus frappante du « plan de reconquête » n’est pas dans les mains de Marc Fesneau… mais dans celles de son collègue de Bercy. Bruno Le Maire est venu le vendredi 6 octobre à Cournon annoncer sa mesure de défiscalisation des stocks de bovins à hauteur de 150 € par bovin (limitée à 15 000 € par exploitation), réclamée par la FNSEA.
Sous forme de provision
Mais attention, il s’agit bien d’une « provision », comme l’a indiqué le ministre de l’Économie, c’est-à-dire qu’elle sera logiquement réintégrée dans les exercices futurs sauf nouvelle annonce ministérielle. Dans les faits, elle constitue donc d’abord un cadeau fiscal aux exploitations imposées sur la tranche la plus haute. « Il est essentiel qu’on puisse aller le plus loin possible », a insisté de son côté Arnaud Rousseau. En notant que « 100 M€ ne permettront pas de couvrir totalement la survalorisation des stocks ». Il faudrait près de 140 M€ pour compenser l’intégralité du surcoût fiscal dû à l’inflation.
Lors de sa visite, le ministre de l’Agriculture a aussi indiqué que la stratégie abattoirs sera dotée de 50 M€ pour préserver leur « maillage territorial ». Cette enveloppe, qui consiste en « une garantie des encours d’emprunt », doit permettre aux outils en difficulté de « passer le cap ». Comme annoncé, cette stratégie se double d’un « travail d’analyse précise par bassin de production, pour regarder le maillage dont on a besoin ». Autrement dit, restructurer le secteur de l’abattage, qui reçoit de moins de moins d’animaux. Marc Fesneau a aussi dit vouloir « dédier une enveloppe d’environ 20 M€ dès cette année » à la recherche sur les questions sanitaires. Le but ? Trouver des moyens « d’éradiquer des maladies et des ravageurs qui nuisent à l’élevage ».
Paysan Breton et Agra
Campagne de communication
Le locataire de la Rue de Varenne a aussi annoncé « au moins 3 M€ » pour lancer une campagne de communication sur l’élevage, afin de « re-rentrer en dialogue avec nos concitoyens ».
« Il faut que l’on montre les apports de l’élevage non seulement pour la souveraineté, mais aussi pour les paysages, les traditions, la biodiversité, le stockage de carbone… »