En 2017, Emmanuel Macron avait annoncé la fin du glyphosate. « Au plus tard dans trois ans ». Six mois plus tard, il enterrait sa promesse. Motif invoqué : la France ne souhaite pas interdire seule ce produit, car elle perdrait des parts de marchés. Cette marche-arrière montre que le dossier du glyphosate est éminemment politique. La science juge de paix ? Dans un pays cartésien comme la France, la science est-elle en mesure de trancher le débat et de mettre fin au match qui oppose les tenants et les opposants du glyphosate ? Pas si évident car les scientifiques eux-mêmes ne sont pas unanimes. Depuis 2015, pour l’organisation mondiale de la santé, c’est clair : le glyphosate est un « cancérogène probable ». De son côté, l’Inserm en France – Institut national de la santé et de la recherche médicale –, estime que l’herbicide favorise probablement certains cancers. Sur l’échelle des risques, l’Inserm classe l’herbicide sur un « niveau moyen ». L’avis de l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) est moins tranché : « L’évaluation de l’impact du glyphosate sur la santé humaine, la santé animale et l’environnement n’a pas identifié de domaine de préoccupation critique », a publié le 6 juillet dernier l’autorité européenne. En ce qui concerne l’écotoxicologie, elle mentionne néanmoins « un risque élevé à long terme pour les mammifères dans 12 des 23 utilisations proposées du glyphosate » . Verdict en novembre Le 20 septembre dernier, la Commission européenne a proposé aux États membres de renouveler pour dix ans l’autorisation du glyphosate dans l’Union européenne. Les Vingt-Sept, qui ont examiné cette proposition le 13 octobre, n’ont pas réussi à s’entendre, Paris et Berlin ayant choisi de s’abstenir privant ainsi la Commission d’une majorité qualifiée. Un nouveau vote – après modification ou non du texte – aura lieu en novembre, soit seulement quelques semaines avant la fin de l’autorisation du…
Un sujet éminemment politique : partie de poker pour le glyphosate
Science ou politique ? L’herbicide controversé joue une partie de bras de fer à Bruxelles.