De Miami à Toronto à vélo

Plus de 5 000 kilomètres, de la Floride au Canada, en solo. C’est le périple qu’a effectué Jean Dano, ancien aviculteur, avec 50 kg de bagages et un moral à toute épreuve.

17727.hr - Illustration De Miami à Toronto à vélo
Jean Dano, près du terme de son parcours, au Canada, après 5 000 km et 6 kg perdus.

« Je ne me suis jamais ennuyé. J’ai fait des rencontres tous les jours ». Revenu enchanté à Lanouée (56), le jeune retraité est intarissable sur son aventure américaine. « Ma hantise était de tomber et de me faire mal dans un endroit isolé ». Rien, pas même une tendinite ou une douleur musculaire, lors des 72 jours de voyage. « Je ne suis pas un grand sportif. J’ai pédalé à mon rythme, au gré de mes envies, sur des voies peu empruntées ». Le Morbihannais avait quand même deux voyages en solitaire à son actif : le premier à Saint-Jacques de Compostelle ; le second, l’an dernier, à Rome. À la pédale, en partant de chez lui, près de Josselin, par des voies vertes et des petites routes. 

Marécages et alligators

De l’aéroport de Miami, ses premiers coups de pédale l’ont mené à Tampas, chez des amis. Le temps de s’acclimater. Au mois de juin, la remontée de la Floride n’a rien d’une sinécure. « J’ai souffert de la chaleur, à 35-40 °C ; je partais le matin avec 4 litres d’eau et je rechargeais, au besoin, sur la route ». Jusqu’à 100 kilomètres à parcourir, après avoir démonté la tente de bonne heure et rangé soigneusement ses affaires dans l’une des 4 sacoches, accrochées au vélo. « Au début, je dormais en camping ou dans des parcs nationaux. La région est marécageuse ; on voit des alligators dans les étangs. Pas question de poser la tente n’importe où ». À 55 dollars la nuit. « Le prix pour un camping-car ! ». Pas de remise pour les moustiques, aussi nombreux dans les campings qu’à l’extérieur. Des centaines de kilomètres plus au nord, les zones boisées prennent le relais. « Là, je pouvais dormir dans les champs ou, quand c’était possible, près des églises. C’est propre, souvent bien tondu, préférable pour éviter toute rencontre inopportune avec un serpent ». Le cyclo-randonneur garde un lien avec la famille, dans le Morbihan : « Chaque soir, via mon Smartphone, bien installé dans ma petite tente, j’avais le temps de poster les photos de la journée, avec quelques commentaires sur le parcours ou sur l’histoire de la ville ou de la région ». 

17728.hr

Des applis indispensables

Partout, l’accueil est appréciable. « J’ai croisé beaucoup de cyclistes sur les pistes. Je ne parle pas anglais ; Google Translate m’a rendu de grands services ». Google Maps lui a permis de trouver son chemin. « Par deux fois, j’ai perdu la connexion. Impossible de poursuivre ; j’ai dû faire demi-tour pour retrouver du réseau et repartir par une autre route ». Quelques pépins mécaniques l’ont parfois retardé : une roue cassée sous le poids du vélo ; un pneu usé à changer, des crevaisons… « Je ne me suis jamais senti en insécurité. Même quand je m’accordais un repas au restaurant, avec mon vélo et mes sacoches à l’extérieur ». La pluie s’invite parfois sur le trajet. « Ce fut le cas au cours d’une étape pénible en Géorgie. J’avais subi toute la journée une pluie diluvienne, mais j’ai été accueilli par une famille chez qui j’ai dormi. Ils m’ont même offert un poncho, que j’ai conservé durant tout le voyage ! Finalement, une journée pénible s’est transformée en un excellent souvenir  ». Parfois, les rencontres sont trop courtes ; le chemin est long…

Un budget moyen de 47 euros par jour (hors avion)

Rencontres avec des agriculteurs

Au gré du trajet, les zones agricoles le ramènent à son ancien métier. « Je me suis arrêté dans plusieurs fermes pour échanger sur les travaux en cours. Certains agriculteurs m’ont proposé de m’installer pour la nuit ». Dans les grandes villes, le globe-trotter loue une chambre à l’hôtel pour deux à trois nuits et visite les lieux en bus ou à pied : la Maison Blanche et le Capitole à Washington ; le musée de l’immigration à New-York… Dans le Vermont vallonné, les pentes sont raides et les fermes laitières nombreuses. « Mais, c’est au Québec que j’ai vu les plus belles cultures, du maïs, du soja…  ». Sur sa route, les chutes du Niagara, Ottawa et enfin Toronto, terme d’un périple de plus de 5 000 kilomètres. « Il faut oser aller au bout de ses rêves », dit-il modestement, « pour ne pas se dire plus tard : si j’avais au moins essayé ». À défaut de pouvoir rallier Saint-Pétersbourg, son prochain rêve cyclo-touristique pourrait le mener à l’ouest des États-Unis. 

17729.hr
Visite d’une ferme aux États-Unis.

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article