Des îles à la recherche d’autonomie alimentaire

La volonté des îles de produire sur leur territoire se heurte souvent aux enjeux de protection de l’environnement et à la nécessité de faire une place aux activités touristiques.

dsc 5036 - Illustration Des îles à la recherche d’autonomie alimentaire
L’agriculture des îles bénéficie du climat doux et d’une image valorisante mais elle est affectée par le surcoût liés aux transports, par les ravageurs (oiseaux, rats, lapins…) et par certaines réglementations.

La production laitière annuelle des élevages de Belle-Île correspond peu ou prou à la consommation de produits laitiers sur l’île. Pourtant, le camion de lait fait ses navettes régulières pour acheminer la matière première vers les laiteries du continent. Les acteurs économiques se sont réunis pour financer une laiterie, chargée de transformer progressivement la production insulaire et de la valoriser sur place. Dans cette opération, le CPIE (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement) a joué un rôle d’animation et comblé le vide de l’acteur manquant. « Parfois, des acteurs locaux dépassent leur mission d’origine pour assurer un rôle de coordination ou d’animation sur les îles », indique Catherine Darrot, de l’Institut Agro Rennes-Angers, intervenante à un colloque organisé à Sciences Po Rennes. Elle cite, aussi, l’exemple de la coopérative de Ré qui s’implique fortement dans la gestion foncière de l’île. « C’est un enjeu majeur en raison de la forte spéculation immobilière. Une part importante de la surface est concernée par des dispositifs de protection environnementale et paysagère ».

Statut précaire du foncier

La surface agricole est souvent morcelée, avec un statut précaire. À Belle-Île, près de la moitié des terres ne sont pas sécurisées. Une enquête réalisée sur 63 % de la SAU montre que 27 % sont exploitées en propriété, 11 % sont louées et protégées par un bail, 55 % ne bénéficient que d’un accord oral pour la location et 7 % sont sans accord. « Les types d’accords oraux sont divers : gratuits pour 10 % des terres, contre services dans 62 % des cas ».

La surface agricole est souvent morcelée, avec un statut précaire.

Leviers de maintien  et de développement de l’agriculture

Les collectivités ont des leviers pour gérer l’usage des terres : « En connaissant leur marché du foncier agricole (veille, étude, prospection), en sensibilisant (vocation des biens, prix), en constituant des réserves foncières cohérentes, en achetant et en réhabilitant les friches, comme à Oléron… ». Le manque de bâtiments de production peut nuire aux installations : « Sur l’île d’Arz, une installation maraîchère a échoué faute de pouvoir construire ; à Noirmoutier, les productions bovines et ovines sont limitées pour la même raison ». Le logement, comme sur les zones littorales du continent, est également un frein. « Le risque est de voir les autorisations de construire attribuées à des exploitants se transformer quelques années plus tard en résidences secondaires ». À l’initiative du RAIA (voir encadré), un groupe d’élus locaux et nationaux (sénateurs, députés) s’est emparé du sujet et tente de trouver des solutions pour lever les blocages. Il s’agit de surmonter les contradictions entre la volonté affichée de développer l’agriculture de proximité (Loi Égalim) et les contraintes de la loi littorale qui empêchent d’avoir les infrastructures nécessaires aux agriculteurs. Il convient également de mieux prendre en compte le fonctionnement des exploitations agricoles lors de l’application des réglementations à vocation paysagère et environnementale.

Les touristes de plus en plus demandeurs de produits locaux

Le RAIA (Réseau agricole des îles atlantiques) est une association qui regroupe des agriculteurs, des porteurs de projet, des citoyens et des élus dans l’objectif de faciliter le maintien et le développement durable de l’agriculture dans les îles de la façade atlantique et de la Manche, en région Bretagne et dans les départements de Vendée et de Charente-Maritime. Les collectivités insulaires peuvent agir pour soutenir l’agriculture de leur territoire. Malgré la prédominance des emplois relevant du secteur tertiaire, l’agriculture permet de maintenir des emplois et des familles à l’année sur les îles. Par ailleurs, les pratiques touristiques évoluent et les citoyens sont de plus en plus demandeurs de produits locaux et d’une relocalisation de l’économie. Il y a ainsi des passerelles à faire entre agriculture et tourisme.


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