La récolte 2024 est déjà marquée par la particularité des semis retardés, tout comme en 2019. Au 6 novembre les semis des blés et orges sont à 35-40 % réalisés contre 70 % l’an dernier à la même date (source Céré’Obs). Depuis mi-octobre, plus de 250 mm sont tombés en l’espace d’un mois sur le sud et l’ouest de la Bretagne. L’est des Côtes d’Armor et l’Ille-et-Vilaine ont reçu 120 à 177 mm, ce qui reste supérieur à la médiane des 20 dernières années.
Pas d’inquiétudes pour des semis jusqu’à début décembre
Les essais dates de semis et densité de semis réalisés de 2011 à 2014 nous permettent d’avoir du recul sur les pertes de potentiel de rendement du blé en semis tardif. Sur les 3 ans d’essais, pour une densité de semis recommandée autour de 220-240 gr/m², pour une même variété (avec Apache et Bermude), en pourcentage du rendement maximum de chaque essai, on n’observe pas en moyenne de diminution du potentiel. Pour des semis tardifs, la perte maximale atteint 10 % du rendement maximum de l’essai.
Par contre, des densités faibles à 120 gr/m² engendrent plus de perte de rendement pour des semis tardifs de l’ordre de 5 % de perte en moyenne. Ce chiffre reste modeste au vu de la faible densité de semis. Cela traduit la très grande capacité de compensation et plasticité du blé, capable de produire plus ou moins d’épis par plante selon la densité de plante levée.
Quelles densités de semis pour des semis tardifs ?
Les essais évoqués précédemment permettent également d’analyser l’optimum de densité en fonction de la date de semis. À partir de mi-novembre une densité de semis au minimum de 220-240 gr/m² permet d’assurer le potentiel de production. Attention à ne pas surdensifier pour éviter les problèmes de verse et maladies au printemps.
Pour des sols plus difficiles (pierrosité, hydromorphie, superficiel, battant) et en cas de pression limaces, augmenter la densité de 10 %.
Benjamin Collin et Élodie Quéméner / Arvalis-Institut du végétal
Pas d’intérêt à modifier sa variété avant décembre
Concernant la variété, retarder les semis peut avoir 2 conséquences phénologiques : ne pas avoir suffisamment de jours vernalisant pour permettre à la variété d’épier et une épiaison plus tardive et sensible aux conditions de stress de fin de cycle. Du point de vue de l’alternativité, pas de raison en Bretagne de modifier sa variété avant janvier. Concernant le retard de cycle, un mois de retard au semis, c’est 15 jours de retard à épi 1 cm et 7 jours à épiaison. De la même manière, 2 mois de retard au semis engendrent un décalage de 1 mois à épi 1 cm et 10-12 jours à épiaison. Changer de précocité pour un semis de fin décembre permet de raccourcir le cycle de 4-5 jours à épiaison (avec une variété plus précoce à épiaison de 1 note).