Implanté à Minihy-Tréguier, le nouveau centre de conditionnement de l’entreprise Œuf d’Armor a fière allure. Oubliée l’ancienne friche industrielle d’Alcatel. Entouré d’abords soignés, le bâtiment rénové de 3 200 m² associe avec élégance des extérieurs de couleur noire et un bardage de lattes de bois. L’impression de modernité dégagée par cet outil, qui a représenté un investissement de 3,2 millions d’euros, se renforce encore une fois le seuil franchi. Robot dépalettiseur, calibreuses automatiques… L’équipement de pointe, en fonction depuis un an, permet de traiter quelque 60 000 œufs par heure.
Résolument tournés vers le futur, Nicolas et Sébastien Saliou, les porteurs du projet, n’oublient pas pour autant leurs racines. Accrochés aux murs de la salle de réunion, des clichés en noir et blanc témoignent de l’épopée familiale. « Nous sommes les représentants de la troisième génération », soulignent ces jumeaux de 42 ans. Après le grand-père qui débuta par de l’accouvage, le père, Pierrick, lui, s’est concentré sur les poules pondeuses et a beaucoup développé l’affaire familiale, initiant la vente directe. « Arrivé à la cinquantaine, se remémore ce dernier, je pensais que mes fils, qui travaillaient alors tous deux dans l’agro-alimentaire, ne reviendraient pas sur l’exploitation ». Mais en 2010, à sa grande surprise, le duo l’informe de son envie de le rejoindre. « Je leur ai dit d’accord mais pas pour faire des poules pondeuses en cages. Depuis plusieurs années, je suivais ce qui se passait aux Pays-Bas, en Allemagne. Je sentais l’air du temps et je voyais le bio qui se développait… »
Pas tous les œufs dans le même panier
En phase avec leur père, les deux ingénieurs vont, durant 18 mois, multiplier les visites d’exploitation, se renseigner sur les évolutions du matériel et élaborer une stratégie cohérente avec les attentes du marché. Une feuille de route initiale qu’ils suivent toujours avec succès depuis le 1er janvier 2012, date de leur installation. Ayant parié dès le départ sur l’essor de l’œuf alternatif, Nicolas et Sébastien Saliou n’ont plus aucun bâtiment accueillant des poules en cages depuis 2019.
Aujourd’hui, ces aviculteurs-entrepreneurs sont à la tête de 240 000 poules pondeuses (200 000 en propre + 40 000 en intégration) et leur centre de conditionnement traite 85 millions d’œufs par an, produits à parts égales par des poules élevées au sol (code 2), en plein air (code 1) et en bio (code 0). Histoire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ! « La partie commercialisation représente un chiffre d’affaires annuel de 17 millions d’euros, dont environ 40 % pour la vente directe. Nous livrons des professionnels de la restauration mais aussi des GMS à travers toute la Bretagne. Dans certains magasins, nous assurons la totalité du rayon œufs, depuis la marque distributeur jusqu’à nos propres marques : Keryann, La Croix Verte et Les œufs d’Erwan ».
Poursuivre le développement
Côté perspectives, le binôme de quadragénaires à la complémentarité naturelle entend continuer à coller aux attentes des consommateurs. « Actuellement, la demande est pour le code 2. Mais il n’y a plus assez de production. Il devient difficile d’en trouver. La problématique est la même pour tous les centres de conditionnement. Il faudrait qu’il y ait une meilleure redistribution de la richesse pour attirer les jeunes sur le secteur ». Les frères Saliou, en tout cas, sont bien déterminés à poursuivre le développement de leur PME qui emploie déjà 35 personnes entre l’élevage, le conditionnement et la distribution. Maîtrisant l’ensemble de la chaîne, ils ont les cartes en main.
Jean-Yves Nicolas
L’agriculture au centre des affaires
En 2021, avec la volonté de développer sa filière « entreprises », le Crédit Mutuel de Bretagne s’est doté de quatre centres d’affaires départementaux. Fort du succès de cette organisation, les exploitations agricoles réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 1 million d’euros ont rejoint, dès l’année suivante, ces nouvelles entités. « Aujourd’hui, à travers le phénomène de concentration, on constate que la taille des exploitations augmente. Et à leur tête, les dirigeants sont en attente d’expertise de plus en plus fortes, avec des problématiques de développement international, de flux financiers, de transitions environnementales qui sont aussi celles du secteur de l’entreprise, analyse Olivier Monnier, directeur du centre d’affaires CMB pour les Côtes-d’Armor. Pour accompagner des exploitations comme Œuf d’Armor, nous avons au sein de nos équipes des chargés d’affaires qui possèdent une double culture, agricole et entreprise. Nous mettons également à disposition de nos clients un middle-office pour la gestion des flux. L’idée est d’apporter de nouvelles expertises tout en conservant le lien de proximité et la relation personnalisée qui font la force du Crédit Mutuel de Bretagne ». L’offre a rapidement trouvé son public et il a fallu multiplier par trois les effectifs du centre d’affaires costarmoricain en trois ans. « Les exploitations agricoles représentent désormais plus du quart de notre clientèle. Parmi celles-ci, la moitié sont des exploitations porcines, le reste se répartit équitablement entre l’aviculture, les serres et le lait ». Outils de conquête, les centres d’affaires permettent également au CMB de valoriser auprès de sa clientèle l’expertise d’autres composantes du Crédit Mutuel Arkéa comme Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels, Arkéa Capital, Arkéa Banque Privée ou Arkéa Crédit-Bail.
[caption id= »attachment_93622″ align= »alignnone » width= »640″] Olivier Monnier, directeur du centre d’affaires CMB pour les Côtes-d’Armor.[/caption]