Le lait de jument devient cosmétiques

Passionnée de chevaux de trait bretons Déborah Richon a décidé de se lancer dans la commercialisation de produits cosmétiques à base de lait de ses juments en complément de l’atelier pondeuses et vaches allaitantes de son exploitation.

17896.hr - Illustration Le lait de jument devient cosmétiques
Ronan et Déborah Richon avec leur fils Loaven

Élevage Ar Sav Heol à Saint-Fiacre (22)

Déborah Richon s’est installée en 2019 à Saint-Fiacre (22) en reprenant l’exploitation avicole spécialisée en pondeuses de sa belle-mère. Elle a repris un peu de foncier pour atteindre aujourd’hui 60 ha de SAU ce qui a permis de créer un atelier de vaches allaitantes de 15 mères pour un total de 70 bovins en races mixtes dont une partie est commercialisée en vente directe. « Mon mari Ronan est employé communal à Boquého. Nous avons voulu créer un nouvel atelier sur l’exploitation pour qu’il puisse me rejoindre à mi-temps tout d’abord et à plein temps dans le futur. L’idée de se diversifier a été renforcée après le passage de l’influenza aviaire sur l’atelier pondeuse en février dernier », raconte Déborah. L’idée de transformer du lait de jument en cosmétiques lui trottait dans la tête depuis plusieurs années : « Lorsque j’étais en école d’agriculture nous avons visité une exploitation qui le faisait et ce fut pour moi une révélation. » 

Éviter de vendre les chevaux pour la boucherie

L’éleveuse est passionnée de chevaux de trait bretons depuis toute jeune. Son grand-père, éleveur de traits bretons sur Saint-Fiacre, lui a offert sa première jument pour ses 13 ans. « Quand je me suis installée j’avais 3 juments, mon grand-père m’a alors offert 2 autres juments. L’idée était de vendre le moins possible mes chevaux pour la boucherie mais plutôt pour du loisir ou de l’attelage. » En 2021, Déborah réalise une formation à la Chambre d’agriculture pour apprendre à fabriquer ses cosmétiques à la ferme. « J’ai ensuite rencontré les fondateurs de Zofé cosmétiques, des éleveurs de chevaux de Virey (50) qui se sont lancés dans la fabrication de cosmétiques à base de lait de jument. Dans leur atelier, ils fabriquent mes cosmétiques en petite série et de façon artisanale avec le lait de mes juments. C’était intéressant pour moi de démarrer de cette façon car ils ont déjà développé une gamme très complète. » 

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Déborah et son mari ont réalisé ce système simple de contention en extérieur pour pouvoir traire les juments en sécurité.

400 à 500 litres de lait transformés par an

Déborah et Ronan ont bricolé un système de contention en bois pour pouvoir traire en sécurité les 4 juments. La traite se fait avec un pot trayeur équipé d’une griffe spécifique pour les chèvres. Pour le moment 400 à 500 litres de lait de jument suffisent à l’année pour la fabrication des différents savons, crèmes, shampoings, baumes… « Une jument donne en moyenne 2 litres de lait par jour. Pour avoir cette quantité, je sépare physiquement mais pas visuellement la jument de son poulain 3 heures avant la traite. Je commence à traire la jument lorsque son poulain a 2 mois ce qui correspond au pic de lactation et au début de la diversification de l’alimentation (herbe-granulés) pour le jeune. Après la traite le lait est stocké en poches de 1 litre puis il passe au surgélateur à – 42°C pendant 2 jours avant de rejoindre un congélateur classique. Cette méthode permet de conserver toutes les propriétés du lait de jument jusqu’au moment de la transformation en cosmétiques. Zofé vient chercher le lait lorsque j’ai 100 litres en stock », décrit l’éleveuse. 

Une jument donne en moyenne 2 litres de lait par jour

Un magasin à la ferme

Déborah vend ses cosmétiques lors de fêtes locales qui peuvent être en lien avec les chevaux ou lors de marchés ponctuels comme à Noël par exemple. Elle démarche aussi les magasins pour qu’ils vendent ses produits. « Je vais bientôt adhérer au réseau Bienvenue à la ferme qui sera un bon moyen de communiquer sur mes produits. Avec mon mari, nous avons aussi créé un petit magasin à la ferme. Il y a quelques semaines un couple venu de Hengoat acheter des savons ont aussi craqué pour 2 poulains de 3 mois qui sont venus vers eux dès qu’ils sont rentrés dans le champ. Cela faisait plusieurs mois qu’ils cherchaient à acheter des chevaux de trait bretons et qu’ils ne trouvaient pas car à chaque fois les jeunes étaient trop craintifs. » Une anecdote qui rassure l’éleveuse sur son choix de se diversifier dans la cosmétique à base de lait de jument qui lui permet de parler de la race et de vendre ses poulains sur un circuit différent que celui de la boucherie.


Un commentaire

  1. LE ROUX Christian

    Le beau parcours d’une jeune qui était déjà très volontaire et passionnée durant sa formation.
    Bon vent à ses projets

    Cdlt

    CLR

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