Le pâturage de foin sur pied semble prometteur

Engagée dans un plan de décarbonation de ses activités, la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou (49) teste le pâturage de foin sur pied sur la saison estivale depuis 2 ans, sur des animaux à faibles besoins.

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Les vaches pâturant le foin sur pied en août dernier à Thorigné-d’Anjou. Un nouvel essai va être mené en été 2024. Crédit photo : Station Thorigné-d’Anjou

« La prairie pâturée représente un gisement à mieux valoriser tout au long de l’année », a commencé Patrice Pierre, de l’Institut de l’élevage, lors d’une conférence au Space. Mais la forte croissance du printemps laisse souvent la place à une pousse estivale limitée. Pour une valorisation économe de l’herbe d’été, le pâturage de foin sur pied est testé sur la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou (49) depuis 2022, sur des prairies temporaires à flore variée (fétuque élevée, RGA, trèfle blanc, trèfle hybride, lotier corniculé).

Moins de tracteur

Cette technique peut correspondre à des animaux aux faibles besoins. À Thorigné-d’Anjou, les essais sont réalisés sur des vaches en fin de gestation. « L’économie d’énergie est importante puisqu’il n’y a plus de fauche, ni fanage, ni andainage, ni distribution », souligne Julien Fortin, responsable de la station. « Deux modalités ont été testées : pâturage libre, et rationné avec fil avant – fil arrière. Des mesures de biomasse à l’entrée et la sortie de parcelle ont été réalisées. »

Très peu de refus

Que ce soit en pâturage continu ou avec fil, la quantité de refus observée est quasi nulle. Par contre, « le rationnement a permis d’obtenir 7 jours supplémentaires de pâturage par rapport au lot en continu sur 2022, année très sèche. Les lots, d’une quinzaine de bovins chacun, n’ont pas affiché de variation de poids (700 kg en moyenne) ou de note d’état corporel (2,15). Et aucune conséquence n’a été observée sur les performances de reproduction. » D’autres atouts du foin sur pied peuvent être identifiés : la grenaison et la fertilisation par les bovins. Il pourrait par contre y avoir un petit effet négatif par rapport aux adventices.

« La mise en place de cette technique en élevage doit s’accompagner d’une réflexion globale à l’échelle du système pour identifier, dès le printemps, les parcelles adaptées à la constitution de ce report, la surface disponible, à mettre en adéquation avec les besoins d’un lot du troupeau », précisent les responsables de l’essai.

Jusqu’à 2 tonnes de protéines

La prairie pâturée peut fortement contribuer à l’autonomie protéique des systèmes d’élevage. Sur le domaine expérimental du Pin-au-Haras en Normandie, « les mesures ont montré une quantité de 1,2 à 2 t de MAT/ha/an à aller chercher », souligne Patrice Pierre. Il recommande pour cela de pâturer tôt, de fertiliser en mars pour accélérer l’amorce de la pousse, de pratiquer la fauche précoce, riche en MAT, qui permet une repousse ensuite, de pâturer des reports sur pied enrichis en légumineuses en été et de diversifier les couverts (précoces, tardifs…). « La pousse automnale, affichant moins d’épis, offre un bon gisement. Avec le changement climatique, l’herbe d’hiver va être intéressante à pâturer. »


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