L’opération a démarré peu après la mi-novembre dans les Côtes d’Armor. En une semaine seulement, 450 panneaux d’entrée de communes ont été retournés. « L’action est amenée à se poursuivre », a lancé le président de Jeunes Agriculteurs 22, Florian Gauthier, en préambule d’une conférence de presse sur le sujet lundi 20 novembre à Plérin. Il a remercié au passage les municipalités qui « jouent le jeu » en laissant les choses en l’état. « C’est une première étape, symbolique, avant d’autres types d’actions, si nous ne sommes pas entendus… », a repris, à ses côtés, Fabienne Garel à la tête de la FDSEA.
Trop de bâtons dans les roues de l’agriculture
Ce mouvement de protestation, à la portée symbolique, a démarré dans le Tarn. En mettant les panneaux à l’envers comme un cri de détresse signifiant « On marche sur la tête », les syndicalistes veulent interpeller. « Sensibiliser les citoyens mais surtout alerter tous les élus – responsables locaux jusqu’aux régionaux, parlementaires – face aux décisions et injonctions qui s’accumulent. L’agriculture ne peut pas toutes les emmagasiner ou les assumer, surtout quand elles sont contreproductives ou contradictoires. À l’arrivée, il faut un électrochoc pour l’État », explique Fabienne Garel. Rappelant que le défi de la décennie est le renouvellement des générations, Floriant Gauthier ne peut supporter de voir que le nombre de bâtons mis dans les roues d’une agriculture qui court après l’attractivité du métier pour attirer de nouvelles forces vives se multiplie. « Par exemple, la nouvelle Pac impose aux régions de maintenir leurs surfaces en prairies permanentes à partir de références de 2018. Or le ratio de la Bretagne a baissé de 4,6 % entre 2018 et 2023, pas étonnant vu le recul de l’élevage en manque de soutien. » Par conséquent, un régime d’autorisation préalable se met en place pour pouvoir retourner une prairie permanente. « Le risque est que beaucoup retournent plus vite leurs prairies temporaires, puits de carbone, pour ne pas se retrouver coincés… On marche sur la tête ! »
Demain, un manque de nourriture ?
Pour les deux responsables, « l’heure est très grave ». Alors que l’agriculture est en souffrance, « l’élevage en particulier », dans ce contexte de « contraintes » (voir encadré), ils dénoncent des importations qui augmentent sans cesse. Et promettent : « Demain, il y a un risque qu’il n’y ait plus assez de nourriture dans les rayons en France. »
Les dossiers douloureux des syndicalistes
Les syndicalistes ont de nombreux exemples à l’esprit. Ils pointent par exemple un nouveau Schéma régional des structures (SDREA) « contraire aux objectifs de souveraineté alimentaire », la volonté de durcir encore la réglementation Nitrates « quand les taux dans les eaux ont sensiblement baissé en Bretagne ces dernières années », le manque de crédibilité de l’État qui sous-finance les contrats de MAEC, les risques liés à la diminution de la défiscalisation sur le prix du GNR « alors même qu’on nous demande de faire la transition vers plus de désherbage mécanique pour moins de produits phytosanitaires », l’attente lasse depuis un an concernant le projet de loi d’Avenir agricole…