L’action des Jeunes Agriculteurs qui consiste à mettre les panneaux d’entrée d’agglomération tête en bas est de bon effet et bon enfant. De bon effet, car un panneau à l’envers se voit et interpelle. Et, bon enfant car le mode opératoire ne dégrade aucunement le mobilier public puisque quelques tours de clé suffisent pour remettre le panneau à l’endroit.
Symboliquement, l’action est parlante puisqu’il s’agit de dénoncer les injonctions contradictoires des politiques publiques déroutantes pour les agriculteurs.
Les Jeunes Agriculteurs ont raison de s’en offusquer
Il faut dire que les signaux contradictoires ne manquent pas en matière de politique agricole. Ainsi, lors de la pandémie de Covid-19, les gouvernants ont-ils hissé les agriculteurs en garants de la souveraineté alimentaire alors que, depuis, les importations de produits agricoles augmentent à grand trait : 1 poulet sur 2 consommé en France et 1 kg de viande bovine sur 4 sont importés ; et aucune politique incitative ne semble vouloir inverser la tendance. Il faut peut-être d’ailleurs y chercher une clé de lecture du déficit probant des investissements dans les productions animales en Bretagne depuis le début de l’année.
Signaux contradictoires également dans le domaine de l’environnement. Les Jeunes Agriculteurs ont raison de s’en offusquer. Alors que la profession s’est engagée massivement dans la transition agroécologique au travers des MAEC, l’État se dérobe faute de fonds. Ce qui n’empêche pas le Gouvernement d’annoncer un effort supplémentaire de 10 Md€ en 2024 « pour accélérer la transition écologique ». Comment un agriculteur breton peut-il comprendre que sur 10 milliards affectés à cette cause, il n’y ait même pas 0,6 % de cette somme qui soit fléchée sur les MAEC reconnues être un levier efficace pour la transition agroécologique ?