Les villes concentrent plus de la moitié de la population de la planète et génèrent 80 % du PIB mondial. Vu par le prisme de la Bretagne, on s’étonne d’une telle prégnance économique de la sphère urbaine. Et l’on est tenté de résister à l’idée, qu’en 2050, deux tiers de la population mondiale sera citadine. Et qu’à cet horizon, la création de richesse se fera de moins en moins dans « les territoires », selon la formule consacrée par l’élite parisienne pour désigner la campagne.
Les grandes villes fonctionnement comme des pompes aspirantes
C’est ce discours, plébiscitant une urbanisation encore plus soutenue qui domine aujourd’hui chez les chercheurs et experts en tout genre qui ont par ailleurs l’oreille attentive des gouvernants. Leur message est d’autant plus audible qu’un secteur comme l’agriculture ne représente plus que 2 % des actifs en France. Or, quand un secteur économique pèse si peu en termes d’emplois (on oublie évidemment les emplois induits) et dégage peu de richesse (les aides représentent 75 % du revenu de la ferme France), il n’est pas difficile de persuader que l’agriculture n’est pas un secteur prioritaire au sens économique strict. Et c’est encore moins difficile avec l’appui implicite d’une jeunesse séduite par les secteurs de pointe qui offrent des salaires sans commune mesure avec ceux qui se pratiquent en campagne. En s’implantant dans les grandes métropoles, ces secteurs novateurs à forte valeur ajoutée ont de surplus l’avantage compétitif d’être au cœur du bouillonnement intellectuel et culturel cosmopolite qui séduit tant les jeunes. Disons-le : les grandes villes fonctionnement aujourd’hui comme des pompes aspirantes des jeunes les plus formés, les plus audacieux, les plus novateurs dont l’agriculture aurait bien besoin pour assurer son renouvel-lement, et surtout sa mutation.