D’ici 10 ans, un agriculteur sur deux prendra sa retraite. Pour maintenir notre souveraineté alimentaire et garder une ruralité dynamique, il est primordial de relever le défi du renouvellement des générations en permettant à un maximum d’exploitations d’accueillir de nouveaux porteurs de projets.
Cette transmission est un processus long, plus ou moins complexe qui demande une grande motivation et une certaine anticipation. Ce n’est pas la fin de son activité professionnelle mais bel et bien un nouveau projet. Il faut prendre le temps de penser à son futur lieu de vie, de préparer son exploitation à accueillir une nouvelle génération, de trouver un repreneur si une transmission familiale n’est pas envisagée. « Pour que cela ne devienne pas le parcours du combattant, la transmission doit être préparée et accompagnée », partage Jérôme Moy, agriculteur à Paimpont (35) et président de Groupama Loire-Bretagne, lors d’une table ronde organisée au Space. Pour ce faire, il conseille de solliciter des experts, sur la fiscalité, la gestion du patrimoine, pour construire ses projets avec sérénité. Il parle en connaissance de cause : « Sur mon exploitation, nous préparons le départ en retraite, d’ici 2/3 ans, de 3 associés en intégrant 2 jeunes », partage-t-il.
Évaluer l’outil à transmettre
Si en exploitation sociétaire, la transmission se fait par le biais des parts sociales, en individuel, il est nécessaire d’évaluer sa valeur de vente. Pour cela, il existe différentes approches, valeur patrimoniale, de marché (selon sa localisation, la pression foncière) ou économique (sa capacité à dégager un EBE). Un jeune retiendra cette approche qui traduit la capacité de l’exploitation à dégager un revenu.
« Nos collaborateurs accompagnent les futurs cédants de l’estimation de leur exploitation mais aussi pour tous les aspects qui découlent de cette vente, souligne Jérôme Moy. Cette vente doit être optimisée fiscalement. Il faut aussi anticiper son niveau de vie en préparant son épargne, en souscrivant une épargne complémentaire mais aussi raisonner la transmission de son patrimoine dans sa globalité pour que, si une reprise familiale est envisagée, les autres enfants ne soient pas lésés ».
Trouver un repreneur
La transmission d’une exploitation ne se fait plus systématiquement en famille. De plus en plus de jeunes, non issus du milieu agricole, souhaitent s’installer. Si vous n’avez pas encore identifié de repreneur pour votre exploitation, multipliez les opportunités de contacts : stagiaires, salariés, événements dédiés à la transmission. Parlez de votre projet de transmission auprès des différents techniciens qui interviennent sur l’exploitation. Inscrivez votre exploitation au Répertoire départemental à l’installation (RDI). Eloi est une des solutions pour entrer en contact avec des porteurs de projets. « Ces jeunes offrent de nouvelles opportunités de transmission à condition d’accepter de voir son exploitation changer de production, de système, souligne Maxime Pawlak, fondateur de cette entreprise à mission. Une ferme de 50 ha en production bovine ne trouvera pas forcément de repreneur en l’état mais pourra intéresser un jeune avec un projet de transformation, ou en petits ruminants ». Son conseil : « Les futurs installés sont partis de la génération digitale. Pour les intéresser, rendez votre exploitation visible sur les réseaux sociaux ».
Retroplanning d’une transmission réussie
10 avant la date prévue de départ en retraite : amorcez votre réflexion
- Commencez à penser à son projet de transmission ;
- Continuez à investir sur son exploitation, maintenez-la aux normes pour préserver son attractivité pour un jeune.
5 ans avant : précisez votre projet
- Si un repreneur n’est pas déjà identifié, commencez à en chercher un ;
- Découvrez le parcours à suivre en participant à des réunions d’information.
4 ans avant : débutez vos démarches
- Finalisez vos objectifs quant à la transmission et à votre projet de vie à la retraite ;
- Faites évaluer son exploitation ;
- La MSA vous enverra votre DICAA (déclaration d’intention de cessation d’activité agricole). Ce formulaire est à remplir et à renvoyer à sa Chambre d’agriculture.
2 ans avant : finalisez la transmission
- Remplissez votre dossier de demande de retraite ;
- Accompagnez votre successeur dans la reprise par un contrat de parrainage ou une période de salariat ;
- Trouvez votre futur lieu d’habitation ;
L’année de la retraite : réglez les derniers détails
- Présentez votre successeur aux différents intervenants de l’exploitation ;
- Réalisez les formalités comptables du dernier exercice et déposez la liasse fiscale ;
- Informez le CFE de votre cessation d’activité ;
- Envoyez les bulletins de mutation des terres, transférer les baux.
Profitez de ce nouvel épisode de votre vie !