Cet été, dans le Trégor, des rendez-vous de sensibilisation concernant la sécurité des systèmes de levage ont été organisés. « Objectif : informer le plus largement possible les sociétaires des obligations souvent méconnues en la matière », expliquent Frédéric Botrel et Pascal Le Bourdonnec, élus des Caisses locales Groupama de Perros-Guirec et Plouaret Trégor Argoat.
Dominique Caudan et Patrice Layec, deux experts agréés du service interne Prosecure de l’assureur préventeur sont intervenus devant les agriculteurs en réalisant les contrôles d’usage sur télescopiques et chargeurs attelés. « Depuis mars 2004, la loi impose des Vérifications générales périodiques ou VGP. À partir de la mise en route de la machine, tous les 12 mois pour un chargeur, tous les 6 mois pour un chariot télescopique… » Cela signifie donc, pour les propriétaires de télescopiques, faire passer un expert tous les semestres sur l’exploitation.
Le télescopique passé au crible
En préambule, Dominique Caudan rappelle que la notice d’utilisation doit se trouver dans la machine. « Ce document précise notamment combien le système peut lever. Au-dessus de cette charge, il y a danger avec des risques de basculement ou de chavirement, de défaillance d’un flexible ou d’un vérin… », explique l’expert. Une VGP dure en moyenne 30 minutes par matériel. Elle est plus rapide pour un chargeur puisqu’elle se limite à l’outil : état des bras de fourche et de tous les axes (articulations), usure du tablier ou de l’outil de préhension, revue des points de graissage… Sans surprise, le spécialiste précise que plus un matériel vieillit, plus les risques de bris, de casse ou de panne augmentent : « usure des fourches, fuite hydraulique interne au niveau des vérins… »
Incontournable test de maintien de charge
Pour un télescopique, les experts contrôlent la machine dans son ensemble en faisant le tour du châssis : fonctionnement du frein de stationnement, état des pneus, poste de conduite (présence d’une ceinture de sécurité, bon fonctionnement du détecteur de présence et de l’alerte sonore…)… « Sous le capot, nous vérifions que tout est étanche. Pas de fuite apparente au niveau du moteur, pas d’accumulation de matière – paille, ensilage, tout ce qui est manipulé – qui peut être à l’origine d’un incendie… », détaille Patrice Layec.
Pour la VGP d’un télescopique ou d’un chargeur, le test de levée et de maintien de charge est incontournable. « Nous vérifions que la pression est stable et constante dans le circuit. Quand il y a une fuite hydraulique, l’activité de la pompe permet de compenser. Ce test de maintien est donc réalisé à l’arrêt, en circuit fermé. » Dans la pratique, il s’agit de soulever une masse importante et de la maintenir en l’air de manière durable. Pour contrôler, les experts posent un télémètre laser au sol sous la charge. Il ne reste plus qu’à patienter avant de vérifier que la distance initiale mesurée n’a pas bougé d’un iota.
À la fin de la VGP, l’expert remet un rapport listant un certain nombre de « consignes » au propriétaire : « Nous faisons des rappels et recommandations sur l’entretien du matériel, les points qui réclament réparation, le graissage… » Dans de plus rares cas, il peut y avoir un « avis défavorable » : la machine est alors mise à l’arrêt car elle nécessite des travaux immédiats pour répondre à la réglementation en matière de sécurité. « Si la réparation concerne la partie levage – vérin, axe, intervention hydraulique… – une visite de remise en service est alors nécessaire. »
Limiter les accidents graves
« Au quotidien, on s’accommode au défaut ou à la petite panne en adaptant sa conduite ou son usage, explique l’expert Dominique Caudan. Mais un jour, l’accident arrive avec une personne qui n’est pas au courant comme un stagiaire, un apprenti, un nouveau salarié, un voisin venu dans le cadre de l’entraide… » Et Thierry Cornanguer, animateur de la vie mutualiste chez Groupama, d’enfoncer le clou : « Dans le monde agricole, il y a parfois de très graves accidents, jusqu’à mortels, liés à l’usage des engins de levage. » Trop souvent oublié, le contrôle de ces derniers est indispensable. Si la fréquence de Vérification générale périodique (VGP) dictée par la réglementation n’est pas respectée, « le risque n’est pas une carence d’assurance mais de voir un dossier d’accident terminé au pénal… », met en garde l’observateur.