« En agriculture, et surtout en élevage bovin, il y a énormément de tâches répétitives, ingrates et chronophages », introduit Richard Swift, directeur marketing et commercial chez ManuRob. « On pense par exemple au paillage, au raclage, à la distribution d’aliment ou encore au chargement d’un méthaniseur ». Et si ces différentes corvées pouvaient être confiées à un seul robot ? C’est le pari que s’est lancé la jeune entreprise en 2017. Une telle machine pourrait également trouver sa place dans un monde où la main-d’œuvre se fait rare, où les mentalités changent et où « les futurs agriculteurs souhaitent plus de temps à consacrer à leur famille ». Sa commercialisation est prévue dans les deux années à venir.
Trois mots d’ordre
« Dès le départ, nous avions en tête de fabriquer un robot », raconte Richard Swift. « Notre devise est : autonomie, électricité et polyvalence ». La machine, baptisée Loadix, est en effet capable d’évoluer seule sur la ferme selon un itinéraire défini au préalable. En fonction des tâches qui lui sont assignées, elle peut changer d’accessoires en tout autonomie : godet, balai, racleur… « Nous utilisons un système d’attache rapide ainsi que des puces RFID permettant au robot de reconnaître l’outil qu’il est en train d’atteler ». Les parties robotique et manutention sont développées en interne. Les parties base roulante et batteries sont quant à elle développées en partenariat avec un expert du véhicule « off-road ».
Une interface simple
« La mise en route de Loadix ne nécessite pas de gros aménagements sur la ferme », indique Richard Swift. « Nous avons juste besoin d’une couverture Wi-Fi et de connaître des points GPS très précis qui peuvent être fournis par un géomètre ». L’interface, disponible sur smartphone et ordinateur, permet à l’agriculteur de programmer toutes les tâches et de suivre la progression de l’engin. Dans le cas du chargement d’un méthaniseur, par exemple, il faudra alors indiquer au robot l’emplacement des différents silos lors de la première utilisation. Ensuite, l’utilisateur devra uniquement indiquer la quantité de chaque élément à apporter dans le digesteur. « Loadix évoluera en optimisant au maximum sa trajectoire et en pesant chaque matière première ». En cas de nécessité, l’opérateur peut également reprendre la main sur la machine grâce à une télécommande.
La sécurité avant tout
Loadix est équipé de 4 roues motrices et directrices lui permettant d’évoluer en extérieur et en intérieur. Ses batteries, au lithium sans cobalt et d’une capacité de 60 kW, alimentent deux moteurs. Le premier pour la propulsion et le second pour la pompe hydraulique. Le chargement des batteries se fait de manière autonome grâce à une borne installée sur la ferme. L’objectif du constructeur est que son robot puisse travailler 24h/24 moins les temps de charge. Pendant son travail, la machine se localise grâce à plusieurs capteurs notamment un GPS RTK, un Lidar, une centrale inertielle et des odomètres, le tout couplé à une intelligence artificielle. « Comme le robot circule sur l’exploitation, il est indispensable qu’il sache où il se trouve en permanence », précise Richard Swift. Enfin, son bras d’une capacité de 2 tonnes culmine à 4,10 m et possède une montée de charge verticale. Le poids à vide de l’engin est de 4 tonnes.
Une entreprise bretonne
ManuRob est une filiale de l’entreprise bretonne M-extend. Spécialisée dans la manutention agricole, celle-ci commercialise notamment les marques MX, Manip’ et Mach Connectors. « Nous avions déjà toute la compétence liée à la manutention en interne », affirme Richard Swift. « Nous avons par la suite embauché des spécialistes pour la partie informatique et logicielle ». Basée à Cesson-Sevigné, près de Rennes, ManuRob compte aujourd’hui 9 salariés.