Une forte dépendance à l’importation d’intrants : les limites du système alimentaire

La France, grand pays exportateur de produits agricoles et de denrées alimentaires, a son talon d’Achille : la forte dépendance de son agriculture à l’importation d’intrants. Sa souveraineté alimentaire peut être discutée.

18215 hr - Illustration Une forte dépendance à l’importation d’intrants : les limites du système alimentaire
La fabrication d’engrais azotés est très énergivore.

Le solde commercial agroalimentaire de la France est positif mais s’érode progressivement, en raison d’une dégradation du commerce vers les pays partenaires de l’UE. La production française (et de l’Union européenne) est néanmoins fortement dépendante des importations d’intrants : énergie, engrais, pesticides. Les crises Covid et ukrainienne ont fait prendre conscience de la nécessité de réduire cette dépendance. Énergie, main-d’œuvre et protéines Cette dépendance de l’agriculture et de l’alimentation à l’égard de l’emploi d’énergies fossiles résulte des besoins en carburants des tracteurs et des ensileuses mais aussi du recours intensif aux engrais de synthèse pour fertiliser les cultures. « En France, la consommation d’énergie directe (pétrole, gaz, électricité) représente 52 % de la consommation énergétique totale de l’agriculture  », indique Catherine Laroche Dupraz, de l’Institut Agro Rennes-Angers, intervenante à un colloque à Sciences Po Rennes. « Les consommations indirectes représentent 48 %, dont 25 % pour la fabrication d’engrais azotés (que nous importons principalement depuis la Russie ou qui sont fabriqués en Europe de l’Ouest avec du gaz naturel russe ou norvégien), 4 % pour les autres fertilisants, 3 % pour les pesticides, 9 % pour le matériel et 7 % pour les aliments pour animaux ». La production française dépend de plus en plus de la disponibilité de la main-d’œuvre étrangère : au maillon production, faute d’un faible attrait des locaux pour le secteur agricole (récoltes de fruits en saison, élevages hors sols…), mais aussi au maillon transformation (abattoirs…). L’élevage est également fortement dépendant du tourteau de soja importé et contribue à la déforestation. « L’UE est importatrice nette de protéines depuis très longtemps ». Que veut-on consommer ? Rechercher l’indépendance alimentaire supposerait de modifier en profondeur les choix de production et de consommation. « Ce qui est peu compatible avec l’ambition d’être un grand pays exportateur ». Définir une stratégie de souveraineté alimentaire « suppose la recherche d’un consensus entre producteurs, consommateurs et citoyens : que veut-on…

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