En 2020, le Crédit Mutuel Arkéa devenait la première entreprise privée en Bretagne à signer un contrat de Paiement pour services environnementaux (PSE). Un contrat co-construit par l’association Alli’Homme (lire par ailleurs) en lien avec les différentes parties prenantes. Et c’est d’ailleurs cette démarche pragmatique, à l’échelle d’un territoire, qui avait séduit à l’époque tant le groupe coopératif et mutualiste que Philippe Boëte. Producteur de porcs installé sur la commune finistérienne de Quéménéven, ce dernier s’était notamment engagé, contre rémunération, à implanter près de 2 hectares d’herbe, un semis de couvert sous maïs et à élargir les bandes enherbées de chaque côté du cours d’eau traversant ses parcelles. Une série de mesures destinées à la fois à diminuer le processus d’érosion des sols et à améliorer leurs capacités de rétention hydrique. Bref, il s’agissait en clair de rétribuer un agriculteur pour des pratiques culturales favorisant le rôle « d’éponge » de terres situées au cœur du bassin versant du Steïr, afin de limiter les inondations de l’agglomération quimpéroise située en aval. Une entreprise privée œuvrant pour le bien public ? Rien là que de très logique aux yeux de Daniel Caugant, responsable du marché de l’agriculture au Crédit Mutuel de Bretagne. « Nous sommes en parfaite cohérence avec la raison d’être de notre groupe qui est une entreprise à mission. Et nous avons la volonté d’accompagner l’agriculture bretonne dans sa transition environnementale ».
Un engagement durable
Trois années plus tard, au terme du contrat, les partenaires dressent un bilan positif de l’expérimentation, aussi bien sur le plan technique, qu’environnemental ou sociétal. Afin de préserver les premiers bénéfices enregistrés et de mieux évaluer les co-bénéfices de la démarche en termes de biodiversité, le Crédit Mutuel Arkéa et Alli’Homme ont choisi de prolonger leur engagement en signant, la semaine passée, une nouvelle convention d’une durée de trois ans. « Nous sommes très fiers de cette reconduction, souligne Jean-Alain Divanac’h, président d’Alli’Homme. Nous allons pouvoir consolider nos actions initiées sur le bassin quimpérois. Les agriculteurs sont les premiers gestionnaires du territoire. Ils assurent, au profit de la collectivité, beaucoup de services environnementaux – entretien de zones humides, plantation de haies… – qui ne sont pas valorisés. Le PSE permet de rémunérer ces missions ». Même enthousiasme du côté de Dominique Trubert, président de la Caisse de Bretagne de Crédit Mutuel Agricole, branche spécialisée du Crédit Mutuel de Bretagne. « Ce PSE est emblématique. Il illustre notre souhait de servir le bien commun en prenant part à des projets résolument ancrés dans nos territoires. Et il démontre aussi combien nous sommes mobilisés pour aider les agriculteurs à relever les défis de leur époque ». Un engagement que la Caisse de Bretagne honore avec fidélité depuis près d’un siècle.
Jean-Yves Nicolas
Une association d’intérêt général
Née en 2018, l’association Alli’Homme se définit comme « l’alliance durable entre les hommes et la nature pour des territoires vivants ». Revendiquant des valeurs agricoles et environnementales, cette entité pilotée par les FDSEA bretonnes et la Chambre régionale d’agriculture a conçu une boîte à outils permettant de déployer efficacement les PSE. Capitalisant sur son expérience pionnière et disposant d’un catalogue d’actions et d’indicateurs adaptés à la mesure d’enjeux liés à l’eau, à la biodiversité ou au carbone, elle est capable de construire des PSE « sur-mesure » et de mettre en relation agriculteurs et entreprises privées. Reconnue d’intérêt général depuis 2021, l’association propose également du mécénat environnemental, les dons reçus de la part des entreprises et des particuliers ouvrant alors droit à des réductions d’impôt. Par ailleurs, elle collabore avec plusieurs collectivités bretonnes, notamment sur le marché du carbone local.