Dossier technique

De la croissance avec une mise à l’herbe précoce

Depuis quatre ans, les essais menés sur un site plein air valident l’impact de la sortie à l’herbe des génisses dès la 1re semaine de vie.

18035.hr - Illustration De la croissance avec une mise à l’herbe précoce
Veaux à l’herbe menés en bio sur le site plein air.

« Il ne faut pas avoir peur de mettre à l’herbe des veaux dès leur plus jeune âge », rappelle Guylaine Trou, chargée d’études et de conseil Alimentation, santé et conduite du troupeau laitier à la Chambre d’agriculture de Bretagne. Les essais mis en place en 2006, 2014 et 2021 à la station expérimentale de Trévarez (29) confirment de bons résultats en termes de croissance, de santé, et de comportement, par rapport aux génisses élevées en nurserie et ce, quels que soient les races, les bâtiments et les systèmes (bio ou conventionnel). Tout en maintenant l’objectif visé d’un vêlage à 24 mois. Et ceci, en respectant quelques conditions.

Apporter en complément des fibres et une complémentation équilibrée les premiers mois.

Des lots homogènes

« Le site de plein air est utilisé de mars à fin octobre pour les veaux du troupeau bio. » Sur les vêlages de mars à mai, les veaux étaient à l’herbe dès fin mars cette année. Ceux issus des vêlages de septembre – octobre ont été à l’herbe aussi un mois. Ils ne sont tous rentrés en bâtiment que fin octobre. « Il faut constituer des lots d’animaux homogènes, avec pas plus de 3 semaines d’âge entre le veau le plus jeune et le plus vieux », conseille la spécialiste. Pour cela, une parcelle de 15 ares coupée en 2 paddocks, pour des lots de 6-7 veaux dans chacun (jusqu’à l’âge de 4 mois) étaient accessibles à Trévarez en 2021, délimités par une clôture électrique doublée d’un grillage à mouton. L’apprentissage à la clôture est facilité, avec des animaux plus calmes qui explorent le paddock, contrairement à une sortie plus ‘sportive’ à plus de 6 mois d’âge… À proximité, des vaches taries ou en préparation au vêlage les stimulent pour pâturer. « Si on a écrit que les génisses commencent à pâturer dès 4 semaines d’âge, il s’avère que les veaux s’intéressent à l’herbe bien plus tôt, dès 15 jours de vie. » Les animaux restent sur le site plein air jusqu’au sevrage. Ensuite, ils continuent à l’herbe sur des paddocks en pâturage tournant, « ce qui permet aux animaux de commencer à acquérir leur immunité contre les strongles digestifs, tout en se passant à Trévarez de traitement à la rentrée en bâtiment des animaux à l’automne. Dans d’autres conditions de pâturage (pâturage continu notamment), ou selon les conditions météo, des analyses de pepsinogènes sanguins sur ces animaux à la rentrée, peuvent permettre de vérifier que le vermifuge ne se justifie pas ou s’il faut reconsidérer la question… »

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Zone stabilisée.

Complémenter sous abri

Un abri (type igloo ou une construction plus sommaire) doit être envisagé, « pour les protéger des vents et des pluies ». Mais les veaux étant souvent couchés dehors, la consommation de paille a diminué. À Trévarez, la station a investi en 2021 dans deux igloos collectifs de 7 places orientés sud, un par lot. « Mais même avec de l’herbe en quantité et en qualité, les veaux doivent être complémentés, comme en nurserie », insiste Guylaine Trou. Pour ce faire, un appenti sert à la distribution des fourrages, concentrés et lait. L’investissement en 2021 s’est monté à 812 €/place (empierrement, contention, igloo et appentis) avec une part d’autoconstruction. « C’est une des conditions premières pour réussir cette phase 0-6 mois à l’herbe : apporter des fibres et une complémentation équilibrée en énergie et azote les premiers mois, pour avoir des animaux inséminés à 15 mois. Pour une ration avec du foin, on peut aller jusqu’à 3 kg de concentrés par veau bio. Les veaux du troupeau conventionnel, nés de mars à mai, sont sortis mi-août et ont reçu de l’ensilage de maïs et 1,2 kg de tourteau de colza par génisse en complément du pâturage de août à fin octobre, pour un GMQ moyen de 800 g. »

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Appenti côté accès éleveur.

De bonnes conditions de travail pour l’éleveur

Si la mise à l’herbe comprend la phase lactée, le plan lacté est suivi comme en nurserie. Un lieu spécifique pour la distribution doit être pensé : accès facile pour l’éleveur et stabilisé, compatible avec le mode de distribution (taxi à lait, brouette facilement manipulable…). La contention permet également d’assurer les soins si nécessaire et de bâtir une bonne relation homme-animal. Les bonnes conditions pour l’élevage ne doivent pas faire de l’ombre aux bonnes conditions de travail pour l’éleveur…

Bilan de l’essai : Compte-rendu d’essai « Mise à l’herbe des veaux à moins d’un mois ou à 6 mois ? » accessible sur : https://www.farmxp.fr/resume-detudes/mise-a-lherbe-des-veaux-a-moins-d-1-mois-ou-a-6-mois


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