Fromages du large

Peut-être un jour le fromage de brebis de Belle-Île figurera-t-il au chapitre des spécialités gastronomiques de la plus grande des îles bretonnes, entre le pouce-pied et l’agneau du large. En attendant, les gourmets se régalent. Découverte.

18344.hr - Illustration Fromages du large
Les Bellilois Nathalie Nette et Jean-Marc Guégan ont créé le Gaec des Brebis en 2017, un projet professionnel bâti à quatre mains.

C’est une nouveauté de la saison… Après le gouda l’an passé, un plateau pour raclette vient étoffer, en cette fin d’année, la gamme de fromages élaborée par la Belliloise Nathalie Nette. « C’est une vraie créatrice », souligne Jean-Marc Guégan, son compagnon et associé. « J’apprécie d’innover, de proposer des nouveaux produits, reconnaît la quinquagénaire avec enthousiasme. Et jusqu’à présent, cela a toujours plu à la clientèle ! » Alors, pas question de s’arrêter en si bon chemin. Dans un coin de sa tête s’affine déjà la recette d’un fromage persillé qui pourrait bientôt rejoindre son étal !

L’histoire du Gaec des Brebis débute en 2017. Fruit de la rencontre entre deux passionnés, ce projet professionnel bâti à quatre mains s’appuie sur les qualités de chacun. « Moi, j’avais déjà l’expérience de l’élevage de moutons pour la production bouchère, note Jean-Marc qui a repris, il y a quelques années, la petite ferme familiale. Et Nathalie, elle, était intéressée par la transformation et la vente ». Motivée, l’ancienne maraîchère n’a pas hésité à se former durant un an, à Rennes, avant de se lancer dans la fabrication de son premier fromage en solo. Le résultat sera concluant… Proposés sur les marchés, en vente à la ferme, ainsi que dans quelques boutiques de l’île, ses yaourts, fromages frais et affinés ont rapidement conquis les palais de la clientèle. Tant et si bien que le couple, après avoir un temps mené de front un troupeau laitier et un troupeau viande, a choisi de se spécialiser autour de l’atelier lait. « Aujourd’hui, nous sommes les seuls producteurs de lait de brebis sur l’île  ».

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Durant l’hiver, le cheptel de 170 animaux de race lacaune est à l’abri dans la bergerie de Goélan, au centre de l’île.

Dans la bergerie de Goélan, au centre de l’île, le cheptel de 170 animaux de race lacaune est à l’abri des rigueurs de l’hiver. « Les brebis sont toutes taries entre la fin octobre et le début novembre, précise Jean-Marc. La prochaine période d’agnelage commencera, elle, fin février ». Pour le couple d’éleveurs, c’est donc la morte-saison. Une période qu’ils mettent à profit pour continuer à se former et participer à des réunions d’échanges avec d’autres producteurs. 

Une saison touristique primordiale

Le retour des beaux jours marquera « le début de la période touristique, et c’est ce qui conditionne tout sur l’île », analyse Nathalie dont l’ensemble de la production est commercialisé en local. À Belle-Île, la première vague de visiteurs déferle classiquement au moment des vacances de Pâques. Viennent ensuite les ponts du mois de mai. Et si juin est souvent un peu plus mou, cela repart ensuite de plus belle en juillet-août, pour une saison qui s’étire jusqu’en octobre. Voilà qui s’harmonise plutôt bien avec la période de lactation des brebis. « Il y a juste le pic de production de fin de printemps que nous absorbons en fabriquant des tommes ». 

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La gamme de fromages s’étoffe régulièrement de nouvelles créations. À noter que l’ensemble de la production est commercialisé sur l’île.

Sans brûler les étapes, le Gaec des Brebis se développe régulièrement. L’an dernier, la cave à fromages s’est ainsi agrandie, tandis qu’un nouvel équipement pour les yaourts a rejoint le laboratoire. 

D’autres évolutions viendront encore le moment venu. Mais la philosophie des associés ne changera pas : « Un projet de couple, épanouissant, où chacun se complète pour produire quelque chose qui nous est propre ». Le tout 100 % made in Belle-Île. 

Jean-Yves Nicolas

Confiance mutuelle (opinion)

Accompagner les exploitations agricoles dans leur développement fait partie de mon rôle. Et je trouve cela gratifiant de voir grandir une exploitation que l’on a suivie dans sa phase de démarrage, de pouvoir continuer à l’épauler dans ses différentes étapes de croissance avec l’augmentation des moyens de production, le développement de la gamme de produits… Dans ma relation avec le Gaec des Brebis, la distance n’est pas un obstacle. J’échange régulièrement par téléphone avec les associés au sujet de leurs objectifs, que ce soit à court et moyen terme. C’est un réel plaisir d’être leur partenaire bancaire, nous avons noué une relation basée sur la confiance mutuelle ».

Stéphanie Guilloux, responsable de clientèle agricole, pôle d’expertise CMB d’Auray


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