Bilan de campagne
Bien que minoritaires, les premiers semis ont pu avoir lieu sur la 2e quinzaine d’avril. Toutefois, les conditions n’étaient pas propices à une levée rapide des maïs, le sol était en général trop frais et humide. La majorité des surfaces de maïs fourrage a été implantée à partir du 20 au 25 mai en bien meilleures conditions. Les semis se sont étalés jusque début juin.
À partir du 15 mai, nous avons connu une période sèche et venteuse pendant plusieurs semaines ce qui a rendu difficile les interventions de désherbage, chimique ou mécanique, avec peu de créneaux pour intervenir en bonnes conditions. Juin est marqué par des pluies d’orage et des températures excédentaires permettant de récupérer une partie du retard pris sur les semis décalés.
Du côté des ravageurs, les dégâts de corvidés sont encore signalés. La pression géomyze a été forte sur les premiers semis, mais n’a pas provoqué de dégâts sur les semis à partir du 20 mai. Le ver gris a fait son apparition avec des attaques parfois difficiles à maîtriser. Concernant les foreurs, la pression est faible.
Un climat estival favorable pour le remplissage des grains
La deuxième partie du cycle, à partir de la floraison femelle, s’est déroulée dans des conditions plutôt fraîches, sans excès thermique et avec régulièrement de l’eau. Les maïs fourrage n’ont pas souffert de déficit hydrique sur cette période de sensibilité située autour de la floraison. Les floraisons femelles ont été réalisées dans de bonnes conditions pour la fécondation puis le remplissage des grains.
Malgré des retards au semis, les deux « courtes » périodes de canicule fin août et début septembre ont accéléré la maturité en fin de cycle. Ainsi, nous pouvons faire le constat qu’il y a encore trop de parcelles récoltées au-delà de la valeur cible (32-33 % MS). Les éleveurs et techniciens ont pu être désorientés dans leurs repères habituels par l’état de l’appareil végétatif avec des plantes qui sont restées vertes de bas en haut jusqu’à la récolte.
Un rendement en hausse en fourrage et surtout en grain
Le bilan global de l’année est bon à très bon dans la majorité des situations. Les rendements sont à un niveau parfois proche de l’année 2021 et ont permis aux éleveurs de remplir les silos voire de convertir des surfaces en maïs grain. En maïs grain, 2023 est également une très bonne année avec un rendement moyen national autour de 96 q/ha (source Agreste) toutes situations confondues et les rendements à 3 chiffres sont courants en Bretagne.
À l’échelle de la Bretagne, les récoltes de maïs fourrage ont eu lieu trop tardivement malgré les semis tardifs. Résultat : plus de 60 % des maïs dans l’Ille-et-Vilaine et les Côtes d’Armor sont récoltés à plus de 35 % MS plante entière. Conséquences : la porosité du silo n’est pas toujours satisfaisante ; en présence d’oxygène, les micro-organismes indésirables occasionnent des pertes et se multiplient. Il faudra être vigilant sur la vitesse d’avancement du silo pour limiter les échauffements et pertes.
Au niveau énergétique, les maïs sont très riches en amidon notamment en Ille-et-Vilaine, mais avec des digestibilités des fibres décevantes sur ce même département. Au global, à l’échelle de l’Ouest, la valeur d’UFL 2018 est à 0,95 par kg MS contre 0,94 l’an dernier. Néanmoins dans le cas de récoltes tardives avec des grains bien avancés, la valorisation de l’amidon sur les 60 à 90 jours après la récolte sera partielle et l’efficacité alimentaire peut être inférieure à la valeur théorique.