Les volumes de réserves d’irrigation subventionnées créées en Bretagne pour la production de légumes industrie et frais marquent le pas depuis 2021. Il faut remonter à 2018 pour voir un volume annuel conséquent créé, cette année-là de 218 000 m3. « La question de la ressource en eau est plus simple à aborder en hiver que pendant les crises de sécheresse de l’été. L’aménagement du parcellaire ou l’augmentation des teneurs en matière organique de nos sols font partie des actions à mener pour moins consommer d’eau, mais ce ne seront pas des mesures suffisantes », note Bruno d’Hautefeuille, président de l’Uopli. L’union des organisations de producteur tenait son assemblée générale avec Breizh Irrigation, à Goméné (22). La demande des irrigants se heurte souvent à des attentes sociétales ou des a priori, ou encore un manque de soutien des politiques. Jean-Pierre Vallais, président de Breizh Irrigation, résume la situation par la formule suivante : « Ce sont des citoyens qui entrent dans les magasins, ce sont des consommateurs qui en sortent ». Pour passer de 40 à 60 % de la surface irriguée en légume, 4 millions de m3 sont nécessaires. « C’est ce qui passe dans le Blavet en une journée de janvier », minimise Jean-René Menier, élu en charge de l’eau à la Chambre d’agriculture. Une goutte d’eau en comparaison des 26 milliards de m3 qui tombent sous forme de précipitations sur notre région chaque année.
Une goutte d’eau face aux 26 milliards de m3 de pluviométrie annuelle
Des canons plutôt que des pivots
Les surfaces irriguées en France sont représentées à 32 % par du maïs, 18 % par d’autres céréales et à 8 % par des légumes. Le restant des parcelles qui reçoivent de l’eau est composé de cultures fourragères, de prairies ou de pomme de terre. En extrapolant les chiffres du recensement agricole, Delphine Pierron, directrice de l’AOP Cenaldi, estime à « 45 % la part de légumes à destination de l’industrie, irrigués dans le Grand-Ouest ». Pour la région Bretagne, ce chiffre serait à minimiser car le territoire Grand-Ouest prend en compte la région Centre, irriguant 100 % de ses légumes. 92 % des cultures bretonnes sont arrosées par des canons sur enrouleur, les pivots sur rampe n’étant que peu utilisés du fait du parcellaire particulier de la région et de la forte présence de poteaux électrique dans les champs.
De bons tonnages en haricot
La ferme France a semé cette année plus de surfaces en haricots (+ 2 %), pour arriver lors de la campagne écoulée à un total de 24 270 ha. Après une année à rendement bas en 2022, la culture est revenue à un rendement technique de « 13,8 t / ha. Le rendement économique, en comptant les abandons de culture, liés à un climat clément qui engendre une surproductivité et des usines qui ne suivent pas, s’établit à 11 t / ha », note Étienne Ester, chargé de mission pour le Cenaldi. Les haricots représentent en Bretagne 34 % des surfaces de légumes destinés à la conserverie et à la surgélation ; ils consomment 14 % de l’eau d’irrigation.