L’eau, une ressource épuisable

L’Association régionale d’agriculture paysanne et la Confédération paysanne de Bretagne se sont penchées sur la gestion de l’eau et des énergies renouvelables à la ferme lors d’un colloque régional.

18293 hr - Illustration L’eau, une ressource épuisable

« Concernant l’eau, nous sommes face à la gestion d’une ressource qui nous paraissait jusque-là inépuisable », a lancé, en préambule, Pauline Cabaret, présidente de l’Association régionale d’agriculture paysanne (Arap) et maraîchère à Rostrenen (22), en préambule du colloque régional organisé autour du « Changement climatique en Bretagne et des stratégies paysannes d’atténuation et d’adaptation ».

Réduire l’eau prélevée

Invité à la table ronde, Timothée Besse, chef de projet Eau à l’Observatoire de l’environnement en Bretagne (OEB), rappelait que le contexte breton en matière de précipitations annuelles : en moyenne 1 230 mm à Brest contre 691 mm à Rennes. « Un grand contraste, une différence de disponibilité qui joue sur les paysages de l’eau. » Au total, il tombe 26 milliards de m3 par an, précisait le spécialiste pour un prélèvement régional de l’ordre de 322 millions de m3. « La somme de la consommation mesurée et de la consommation estimée en lien avec les forages par exemple utilisés pour l’abreuvement, le lavage des bâtiments… ». Un Plan national vise à diminuer l’eau prélevée de 10 % d’ici 2030. « Mais les prélèvements ont plutôt tendance à augmenter depuis 20 ans… » Alors que la majeure partie des prélèvements se fait en surface, Timothée Besse rappelait la fragilité des captages : « 173 captages sont sensibles aux nitrates ou aux métabolites. Dès qu’on perd un captage pour pollution, on perd de la résilience. » Alors que cinq sites représentent à eux seuls 25 % du prélèvement de l’eau potable en Bretagne.

80 % de l’eau des Bretons consommée hors de France 

La question de la sobriété est évidemment centrale. Mais attention, la consommation du citoyen ne correspond pas seulement à ce qu’il fait couler au robinet. « Acheter des légumes produits en Espagne par exemple, c’est aussi une consommation indirecte d’eau. Ainsi, 80 % de l’eau des Bretons est consommée hors de la France ! » 

400 000 Bretons de plus en 2040

Enfin, le spécialiste terminait sur le changement climatique en Bretagne selon les modèles : peu d’évolution attendue sur les précipitations mais moins de pluie en été et davantage en hiver, et une augmentation du nombre de jours de sécheresse des sols en été… L’eau, une ressource précieuse et fragile qu’il faudra partager dans une Bretagne qui devrait compter 400 000 habitants de plus d’ici 2040. 

S’adapter sur le terrain

Benoît Allain, éleveur laitier à la Ferme du Wern à Ploubezre (22) cherche à s’adapter. « Pour ralentir l’eau, nos terres sont talutées et plantées en limite de propriété mais aussi désormais en intra-parcellaire. » Le Costarmoricain travaille aussi 10 ha de luzerne, « jamais en pure », pour avoir du fourrage disponible en été et parie sur la betterave fourragère mini-mottes (110 t brut / ha). « En termes de pâturage, il faut aussi être de plus en plus opportuniste. Entre le 18 octobre et le 23 novembre, nous avons eu 285 mm de pluie… Pourtant, derrière, nous ressortons très vite nos Froment du Léon. »


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