Faire élever les jeunes veaux par des vaches nourrices amène à « des GMQ plus importants, des effets sur la santé avec des disparitions complètes des diarrhées, une meilleure immunité », détaille Isabelle Pailler, conseillère lait biologique et conventionnel à la Chambre d’agriculture. Ce recours, plus développé chez les agriculteurs en bio, doit respecter des règles précises pour fonctionner.
Une vache pour trois veaux
En moyenne, une nourrice suffit à nourrir trois veaux. Ce chiffre peut être augmenté à quatre si la vache « est très laitière. À l’inverse, une femelle peu laitière n’aura que deux veaux pour éviter de lui faire perdre trop d’état. Aussi, le recours à des vaches nourrices demande de maîtriser son taux de renouvellement, qui doit être inférieur à 20 % ». La vache nourrice peut être celle « qui est longue à la traite, qui a un tempérament maternel ou qui a souvent des cellules. Dans ce cas et comme la mamelle est vidée plus souvent, elle peut être guérie ».
Le taux de renouvellement doit être inférieur à 20 %
Le moment de l’adoption est une phase importante où « il faut vérifier que le veau a bien bu, en veillant à ce que son ventre soit bien rebondi. Pour cette phase d’adoption, deux possibilités s’ouvrent : soit un lot de vaches bloquées au cornadis est présenté à un lot de veaux (exemple : 6 vaches pour 15 veaux), les jeunes les moins dégourdis étant rapprochés de la mamelle ; soit une vache libre est gardée en case pendant une semaine avec trois veaux. Une bonne adoption peut se traduire par différents signes, comme un veau qui tète tête-bêche : il est en sécurité, l’adoption est réussie. Un veau qui a de la bouse sur la tête peut être un signe de lait volé à la mamelle, donc un veau non adopté ».
Apprendre la clôture
Les vaches adultes apaisent les veaux. Ceux-ci, par mimétisme, « peuvent se mettre à brouter au bout de 15 jours à 3 semaines ». Avec ce passage à l’herbe, le jeune bovin apprend les clôtures, la circulation d’une parcelle à une autre. Souvent, la crainte des éleveurs est d’avoir des veaux que l’on ne peut plus approcher. En réalité, leur comportement est proche « des génisses élevées au seau, à partir du moment où l’on va régulièrement les voir au champ. Il faut associer la présence humaine à des choses positives pour l’animal, comme l’augmentation de la taille du paddock ».
Le temps d’élevage avec une nourrice s’étale entre 15 jours de vie et au « minimum 6 mois, le plus souvent jusqu’à 9 – 10 mois. À la fin de la période, les vaches font beaucoup moins de lait, les veaux mangent beaucoup d’herbe. La transition s’est faite ». La phase de séparation peut parfois être délicate, « il peut y avoir une semaine difficile avec un volume sonore plus important… Si le sevrage physiologique est acté, ce n’est pas le cas du sevrage social. L’idéal est de mettre un fil entre les deux animaux, puis de les éloigner au fur et à mesure : c’est un moyen d’adoucir la séparation ». D’un point de vue coût de la technique et de la mesure du temps de travail, l’utilisation de vaches nourrices « est difficile à quantifier. Ce sont des avantages techniques, c’est une autre façon de faire qui libère la tête des éleveurs, car la charge mentale n’est pas encombrée par la gestion de maladies des veaux », conclut Isabelle Pailler.