Limiter les carences et éviter les excès

La fertilité chimique des sols agricoles des régions de l’Ouest bocagers est atypique de par sa géologie, l’apport de produits organique issus des élevages riches en matière organique, en phosphore, en potassium, et en oligo-éléments.

18321 hr - Illustration Limiter les carences et éviter les excès
Carence en manganèse sur orge. Crédit photo : Arvalis-Institut du végétal

Toutefois, l’amélioration des pratiques de fertilisation azotée et l’introduction de couvert en interculture limitent fortement la fuite de nitrate et l’acidification des sols. Résultat, entre 1990 et 2014, le pH des sols de l’Ouest a fortement augmenté écartant le risque d’acidité en grandes cultures.

Modérer les amendements basiques

Vouloir trop augmenter son pH au-dessus de 6,5-6,8 conduit à prendre des risques notamment en augmentant la pression en piétin échaudage déjà très présent et préjudiciable dans notre région. Cela favorise également les carences en manganèse (Mn) : seule carence capable de détruire des plantes de céréales…

Pour décider si un chaulage est nécessaire, 2 indicateurs du statut acido-basique dans le bulletin d’analyse de terre suffisent à prendre les bonnes décisions : le pHeau et la CEC. Le pHeau sert à prendre la décision de chauler ou non. Le bon compromis étant d’avoir un pHeau du sol entre 6 et 6,5 pour éviter les risques d’acidité et les carences en Mn et de trop forte pression en piétin échaudage :

Si votre pHeau<5,8-6 : un chaulage de redressement est nécessaire d’urgence ; Entre pHeau 6-6,5 : un chaulage d’entretien suffit ; Au-dessus de 6,5-6,8 : faire l’impasse de chaulage (sauf pour les légumes industrie) sous peine de favoriser le piétin échaudage et les carences en manganèse. Et selon la CEC, la dose d’amendement sera plus ou moins forte pour compenser l’effet tampon du sol.

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Des carences en potassium sur maïs

En dehors de l’azote et du soufre, éléments mobiles avec l’eau, les cultures ont également besoin de phosphore, potassium et d’autres oligo-éléments. Pour l’Ouest, sur les espèces de céréales et maïs principalement cultivées, le risque de carence en phosphore est avéré si la teneur du sol en Polsen est inférieure à 20-30 ppm pour les céréales et maïs grain ; 50-60 ppm pour les cultures comme le maïs ensilage ou le colza. Pour le potassium échangeable, les seuils s’établissent à 80-100 ppm en sol de limons sur culture peu exigeante (ex. : céréales) ; 120-140 ppm en sol de limons sur culture moyennement exigeante (ex. : maïs) ; 170-190 ppm en sol de limons sur culture fortement exigeante (ex. : pomme de terre) (1).

Les bases de données des analyses de terre (BDAT) indiquent une évolution stable ou à la diminution entre 1990 et 2014. Toutefois, les valeurs initiales sont élevées et les cas de carences vraies en phosphore restent exceptionnels.

La vigilance est de mise pour le potassium en maïs où l’on constate de plus en plus de cas de carences en K notamment après des prairies fauchées recevant peu de produits organiques. Pour le magnésium, les teneurs en Bretagne sont excédentaires pour pouvoir provoquer des carences. Le rapport K/Mg n’est pas un indicateur pertinent et interprétable.

Arvalis

En oligo-éléments, seul le Manganèse pose soucis dans l’Ouest

Les carences en oligo-éléments restent exceptionnelles (sauf manganèse). Apporter des oligo-éléments par voie foliaire ou en application au sol « aveuglement » sans observer de symptômes et détecter un risque de carence via l’analyse de terre n’a aucune utilité agronomique, technique et encore moins économique.

Les carences présentes sur céréales se limitent au manganèse et cuivre. La carence en cuivre reste extrêmement rare et à difficile à interpréter avec la teneur en MO. Les autres oligo-éléments (bore, zinc, fer…) ne sont pas limitants pour les céréales, les carences sont extrêmement rares voire non observées en France. Pour le maïs, les carences se limitent au manganèse et zinc.

La carence en manganèse est fréquente dans l’Ouest en raison de plusieurs facteurs favorables : matière organique élevée, teneur faible dans le sol (<10 ppm Mn EDTA), pH élevé et sols avec sables grossiers. La particularité tient au fait que le manganèse s’oxydant au contact de l’air n’est plus disponible pour la plante (les sols soufflés sont plus à risque). La correction s’opère par voie foliaire (2 à 3 applications de 500 g espacées de 10-15 j dès l’apparition des symptômes) chaque année en cas de parcelles et cultures à risque.


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