Qui mangera qui ? Qui mangera quoi ? Métaphore, évidemment, au sujet du round des négociations commerciales au cours desquelles s’affrontent depuis le 21 novembre les industriels et la grande distribution ; cette dernière étant challengée par le ministre de l’Économie prêt à tout pour faire baisser les prix en rayon. Et quand on se sait appuyé, on se sent assurément pousser des ailes. De quoi parfois faire tomber de leur chaise certains industriels qui ne veulent pas se laisser dévorer par des baisses à deux chiffres, comme parfois demandées par des négociateurs chauffés à blanc par leur patron soucieux de préserver ses parts de marché. Cette requête apparaît de toute façon inconcevable pour l’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania) qui attend au contraire une revalorisation des contrats, brandissant en pare-feu la hausse du prix de l’énergie et du coût de la main-d’œuvre, alors que les matières premières agricoles ont amorcé un repli comme se félicite Bruno Le Maire. Et comme se désolent les agriculteurs impuissants face au bond des importations, de viande en particulier, à une période où la consommation en volume des ménages est en retrait. Des industriels et des distributeurs ont en effet choisi de se fournir massivement où c’est moins cher pour conserver leurs marges et se placer commercialement afin de séduire un consommateur qui digère mal l’augmentation de 22 % du prix de son assiette en 2 ans. Or le remède du consommateur face à cette indigestion est simple : acheter moins cher quitte à sacrifier l’agriculteur français qu’il dit tant aimer. Une réalité tangible qui n’est pas de bon augure pour le maintien du potentiel de production breton et le renouvellement des générations.
Les agriculteurs impuissants face au bond des importations