Science et défiance

Edito - Illustration Science et défiance

La science n’est plus juge de paix. Des scientifiques en font quotidiennement l’amère expérience sur les réseaux sociaux. À tel point que certains d’entre eux ferment leurs comptes sur Internet. Pourquoi ? Aux réponses rationnelles qu’ils tentent d’apporter, ils ne reçoivent qu’insultes, menaces. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que les scientifiques doivent faire profil bas. En 1600, Giordano Bruno fut brûlé vif pour avoir affirmé que la Terre n’était pas le centre du monde.

Aujourd’hui, on ne meurt plus brûlé vif, en Europe. Mais le lynchage sur les réseaux sociaux a pris le relais. Soit par bêtise et ignorance, soit par calcul. La haine des petites mains – ou plutôt des petites têtes – est parfois excitée par des élites qui ont des intérêts propres. C’est par exemple le cas concernant le dérèglement climatique qui conduit les dirigeants de groupes pétroliers à reléguer la science du climat à un « monde abstrait » alors que l’automobiliste, « lui, doit concrètement faire le plein chaque semaine ». Applaudissements assurés… Par leurs propos, ces élites contribuent à faire l’opinion, souvent en s’appuyant sur des ouvrages complotistes à l’égard de la science. Ce n’est pas un hasard si le climatoscepticisme a gagné 8 points en un an en France. La même mécanique vaut pour les vaccins.

L’agriculture n’échappe pas à ce mouvement

L’agriculture n’échappe pas à ce mouvement de fond de défiance à l’égard de la science. Aux Pays-Bas, la volonté du gouvernement de juguler les rejets d’azote animal conduit le mouvement BBB à contester « l’absurdité des méthodes de calcul » utilisées par les scientifiques. Plus près de nous, le récent débat sur l’autorisation du glyphosate a suscité des commentaires de professionnels agricoles bretons pour le moins surprenants au regard de certains faits scientifiques avérés. En réalité, partout aujourd’hui, la post-vérité gagne du terrain sur la base d’allégations approxima-tives ou manipulées. Comme une forme d’obscurantisme au temps de Giordano Bruno.


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