Elle était rose petit cochon. En imposait avec ses 4 m par 3. L’affiche promouvant le « jambon végétal », qui trônait dans le métro parisien début décembre, était volontairement provocatrice… et incontestablement politique. Car cette publicité ne se contentait pas de vanter un produit alimentaire. Par son message écrit en grandes capitales : « Source de protéines et de fibres, et de débats inutiles », elle tentait de fermer la porte à toute forme d’objection. Sauf que, de débats inutiles il n’y en a point dans une société libre. De par son message, cette publicité invitait au contraire au débat. D’abord parce qu’un jambon est une « cuisse de porc ou de sanglier » comme le définit le très sérieux dictionnaire de l’Académie française. On est donc ici face à une communication tronquée. Mais surtout, sous-tendre qu’il n’y a pas débat est une allégation pour le moins liberticide. Chacun est en effet libre d’autodéterminer ses choix alimentaires sans imposture. Cette injonction à rejeter le débat tient des mêmes préceptes dont usent les pouvoirs autoritaires. Ne nous méprenons pas : ce type de communication s’apparente à une lente et continue infiltration d’eau de pluie dans un mur de pierre qui finit par le déstabiliser. Dans cette campagne publicitaire, l’élevage est ce mur dans lequel on instille l’eau destructrice en profondeur. Un jambon est une cuisse de porc ou de sanglier Ces apologues sous couvert de câlinerie écologique essaiment partout en Europe. Ainsi à Haarlem, aux Pays-Bas, il sera désormais impossible de trouver une publicité pour la viande dans les espaces publics à partir du 1er janvier 2024. À l’autre extrême de cette entreprise anti-viande s’activent des start-up de la viande de synthèse dont le dessein idéologique est similaire. Entre les deux, les éleveurs sont un peu les dindons de la farce. Qu’à cela ne tienne, voilà une bonne…
Y’a débat