Parmi les principales « aberrations » que dénoncent les agriculteurs bretons mobilisés, la question des « importations massives de poulets ukrainiens ». L’Europe soutient l’Ukraine dans le conflit face à la Russie en lui fournissant des armes mais aussi en ayant levé ses droits de douane sur la volaille et les œufs, rappelle David Labbé, responsable de la section volaille de la FDSEA 22. « Le volume de viande importé en France depuis l’Ukraine mais aussi d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas et de Pologne – qui reconditionnent la marchandise ukrainienne au passage – a explosé depuis le début de la guerre. Et on nous parle ensuite de traçabilité… », pointe le syndicaliste. « Grâce à une céréale locale pas chère et une main-d’œuvre bon marché sans le poids du financement du système social français, la viande ukrainienne arrive deux fois moins cher sur notre marché. » Face à cette concurrence « déloyale », les conséquences sont dramatiques : les vides sanitaires s’allongent. « De 15 jours habituellement, ils atteignent 4 à 8 semaines selon les cas. Sur des poulets élevés en 6,5 semaines, cela signifie que les bâtiments peuvent être désormais plus longtemps vides que pleins. » Le Costarmoricain calcule que les producteurs qui ne sortent plus que 4,5 lots par an au lieu de 6 vont encaisser une baisse de 25 % de revenu. « Et que dire du bilan carbone de cette volaille ukrainienne ? Que dire de ces usines bretonnes qui transforment ce poulet étranger quand les vides augmentent chez les aviculteurs à leurs portes ? » Sans oublier les autres maux de la filière, dénonce David Labbé : « Des opérateurs placent des poussins de mauvaise qualité, d’autres livrent de l’aliment de moindre qualité sans revoir les prix. On semble aussi nous préparer à une baisse des contrats en sortie des négociations commerciales… »…
Des poulaillers plus souvent vides que pleins
Présent sur le point de blocage de Guingamp (22), l’aviculteur David Labbé revient plus particulièrement sur le désarroi des producteurs de volaille.