Depuis 2019, le lycée agricole de Kernilien à Plouisy (22) propose un cursus particulier associant un BTS Acse à un BP Jeps AE pour ‘Brevet professionnel de la jeunesse et de l’éducation populaire et du sport activités équestres’. Aujourd’hui, l’établissement est probablement le seul en France à offrir cette biqualification, explique Thomas Renaudin, directeur du pôle équestre. Le recrutement des quelques élèves admis (7 ou 8 par promotion) est ainsi national.
Deux années d’étude intenses
Élève de 2e année, Maëlle Guittoneau, par exemple, est originaire de Vendée. Après son Bac pro Conduite et gestion de l’entreprise hippique (CGEH) obtenu à Laval (53), la jeune femme a estimé que cette formation était l’idéal pour enrichir son parcours. « Je suis venue pour cette biqualification. D’un côté, le BP Jeps est une certification qui nous permet ensuite d’enseigner officiellement l’équitation. De l’autre, le BTS Acse apporte des connaissances importantes en termes de gestion et de comptabilité. »
L’étudiante confie que le programme est particulièrement chargé. Du lundi au jeudi, elle suit les cours de BTS agricole et pratique l’équitation pendant 4 heures. Le vendredi est un temps passé spécifiquement au centre équestre de l’école avec les formateurs spécialisés. « Nous préparons l’examen du BP Jeps. Nous travaillons par exemple la réglementation et la tarification d’une activité équestre, mais surtout sur des mises en situation pédagogique avec des élèves… » Et la semaine n’est pas terminée. Le samedi est consacré à l’apprentissage en entreprise : sous la responsabilité de son tuteur, Maëlle donne des cours d’équitation…
Les semaines sont longues et les vacances rares pendant ces deux années d’étude ponctuées de stages aussi bien agricoles qu’équestres. « C’est très intense. Mais l’ambiance est excellente entre les élèves et les moniteurs à Kernilien. » La passionnée apprécie aussi de profiter au quotidien de telles infrastructures. « Je suis venue accompagnée de ma propre jument. Cela me permet de la monter régulièrement. J’apprécie aussi beaucoup de participer aux compétitions régulières avec les équipes de l’école. » Un bon tremplin pour celle qui se destine un jour à posséder son écurie de propriétaires et à donner des cours.
« Apprendre tous les jours »
À ses côtés, Youn Coquin Guyomar, originaire de Trévou-Tréguinec, est un local de l’étape. Bac général au profil scientifique en poche, le Breton qui se destinait plus jeune à devenir vétérinaire, a « toujours baigné dans le monde équin ». Son grand-père fait naître des chevaux de sport dans les Côtes d’Armor et son oncle possède un centre équestre en Charente-Maritime. « Au moment des confinements, j’ai passé tout mon temps autour des animaux de mon grand-père. J’ai alors changé de projet en décidant de reprendre son élevage et d’être cavalier professionnel », explique-t-il. Actuellement en 1re année, Youn apprécie les cours de BTS Acse. « Toute la partie axée sur la gestion d’entreprise colle parfaitement avec ma volonté de professionnaliser et développer à moyen terme l’affaire familiale en fonction des opportunités d’acquérir de nouvelles poulinières. » Curieux, il se régale aussi en agronomie et en zootechnie, des matières qu’il « découvre totalement ».
Alors que le BP Jeps lui apportera une autre corde à son arc – une certaine sécurité – en permettant de « proposer d’autres prestations en école d’équitation ou comme intervenant extérieur ». Si Youn souligne aussi le rythme soutenu de cette biqualification, il savoure d’en « apprendre tous les jours ».
S’installer avec la DJA
La biqualification permet d’obtenir un BTS du ministère de l’Agriculture et un BP JEPS du Ministère des sports. « Ce diplôme d’État d’éducateur sportif permet ensuite d’enseigner dans toute structure équestre », souligne Thomas Renaudin. Pour rejoindre cette filière très spécifique, les candidats doivent au préalable réussir des tests nationaux (Tep). « Il faut avoir un niveau de pratique équestre assez élevé pour devenir ensuite encadrant. » Outre cette compétence pour donner des cours « souvent le cœur de l’activité », Thomas Renaudin insiste sur l’intérêt de la formation agricole : « Beaucoup se destinent à être gestionnaires de structures équestres sous statut agricole depuis 20 ans. Le BTS Acse leur donne d’une part la capacité professionnelle pour s’installer avec la DJA et d’autre part des connaissances et réflexes pour mieux s’insérer dans le tissu rural : acheter ou produire du fourrage, réduire les charges, entrer dans une Cuma… »