« En 1992, Renault, à Boulogne-Billancourt, fermait ses portes et licenciait ses 4 000 salariés. La même année naissait Eurodisney, qui emploie aujourd’hui 16 000 personnes, sur un même site », indique Jérôme Fourquet, analyste politique. La France s’est désindustrialisée. « Le secteur industriel était présent sur tout le territoire, avec des entreprises générant des emplois directs, indirects et aussi une certaine image de la région ». En parallèle, « le maillage des hypermarchés s’est développé de manière spectaculaire. Les zones commerciales également, avec des magasins spécialisés, des chaînes de restauration, des cinémas multiplex et des grands parkings ». Le commerce en ligne rebat les cartes actuellement : « Il pesait 8 milliards d’euros en 2005 ; 129 milliards actuellement. Les plates-formes logistiques ont fleuri. Il y a actuellement plus de chauffeurs de camions que d’agriculteurs ». Le rail n’assure que 10 % du fret. L’économie récréative et touristique s’est développée : « Le zooparc de Beauval emploie 2 000 salariés en été. Il attire désormais plus de touristes que le château voisin de Chambord, surtout depuis la naissance du premier panda, très médiatisée, en 2017 ». En Bretagne, ce sont les festivals musicaux de l’été qui attirent un nombreux public. Une vision du travail différente chez les jeunes Le travail n’est plus aussi central dans la vie des gens. « En 30 ans, le nombre d’heures travaillées dans l’année est passé de 1825 à 1600, soit l’équivalent de 6 semaines, en une génération ». La cinquième semaine de congé et les 35 heures ont accentué la tendance à lever le pied. Dans l’intervalle, les compagnies aériennes bon marché se sont taillé une part de lion pour transporter les Français au bout du monde. Les avalanches de plans sociaux (chômage ou préretraites) ont eu un impact sur les jeunes générations. « En voyant leurs parents remerciés prématurément, les jeunes ont changé de mentalité vis-à-vis du travail. Ils veulent du sens, ils acceptent…
La grande mutation des territoires
En l’espace de 30 ans, l’économie de production s’est effacée au profit d’une économie de consommation. La métamorphose se poursuit.