Les routes de la colère

Mercredi une bonne dizaine de barrages routiers, essentiellement sur les voies rapides de la région, ont été dressés par les agriculteurs bretons, particulièrement par les jeunes.

18767.hr - Illustration Les routes de la colère
Dès mardi, le pont de Morlaix (29), symbole des luttes paysannes, a été bloqué par les manifestants.

Dès mardi, l’appel des Jeunes Agriculteurs et de la FDSEA du Finistère a conduit les tracteurs à converger en masse vers Brest, Quimper, Carhaix et Morlaix. Producteur de légumes, Cédric Le Velly était dès les premières heures sur le mythique pont de Morlaix souvent pris d’assaut par les manifestants agricoles. « Nous resterons tant que le gouvernement ne nous donnera pas de réponses claires », indiquait, déterminé, le jeune agriculteur. Les revendications des Finistériens sont semblables au mouvement national et européen : c’est surtout le manque de logique dans les décisions politiques qui irrite l’agriculteur.

Des centaines de tracteurs

Quelques dizaines de kilomètres plus à l’est, la même RN 12 a été totalement bloquée à hauteur de Guingamp. Même scénario sur la même Nationale aux abords de Caulnes et à Trémorel sur la RN 164. Organisés pour être relayés régulièrement et approvisionnés en nourriture, les manifestants, déterminés, prévoyaient un siège pouvant durer jusqu’au week-end, ont expliqué les responsables syndicaux FDSEA-JA. Vers midi, mercredi, ils estimaient à plus de 200 tracteurs et 250 personnes déjà mobilisés aux trois points de blocage.
En Ille-et-Vilaine, trois opérations de blocage ont été initiées mercredi par les Jeunes Agriculteurs 35 et la FDSEA : au niveau de Bain-de-Bretagne au sud de Rennes, à Fougères et sur l’axe Rennes/Saint-Malo, vers Tinténiac. Au total, près de 100 tracteurs et plus de 200 agriculteurs étaient mobilisés.

Mise en garde des industriels

Ces actions plus fortes s’inscrivent « dans la continuité de celles menées à partir de novembre dernier », souligne Cyrille Herbert, co-président de JA 35. « Depuis, rien n’a bougé », se désole-t-il. Comme ailleurs, les motifs de colère sont nombreux. Parmi la litanie énumérée figure entre autres le non-respect de la loi Égalim dans les négociations commerciales en cours. « Les industriels ne tenant pas compte des coûts de production sur les fermes pourraient être visés dans des actions à venir », préviennent Cyrille Herbert et Angéli Lebreton. « Le pouvoir politique n’évalue pas l’impact des réformes qu’il entreprend sans concertation », déclaraient quant à eux, mercredi, des agriculteurs sur le barrage de Surzur dans le Morbihan où d’autres manifestants bloquaient la RN 24 au niveau de Josselin. Dans ce département, les nouvelles réglementations sur le retournement des prairies ne passent pas non plus. À l’heure du bouclage du journal mercredi soir, les blocages se poursuivaient en Bretagne.

Les pêcheurs se rallient au mouvement

Les agriculteurs de la Coordination rurale, qui ont manifesté le 25 janvier à Rennes (35) « contre les excès de la politique agricole européenne », ont été rejoints par des pêcheurs à l’appel de David Le Quintrec. « On sera là en soutien aux agriculteurs » , a indiqué ce patron lorientais d’un fileyeur, à l’origine du mouvement « Pêcheurs en colère » . Et d’ajouter : « Que ce soit le prix du gasoil, les importations, les taxes… on a presque les mêmes revendications. C’est une convergence des luttes pour la souveraineté alimentaire ».


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