Produire des plantes tinctoriales : une activité originale encore peu connue

Produire des plantes pour créer des couleurs, c’est l’activité que Stéphanie Hegaret a choisie pour s’installer sur l’exploitation familiale à Kerbors (22).

18560 hr - Illustration Produire des plantes tinctoriales : une activité originale encore peu connue
Stéphanie Hegaret.

Après avoir exercé pendant 15 ans le métier d’architecte d’intérieur, Stéphanie Hegaret s’est reconvertie pour s’installer à l’aube de ses 40 ans en reprenant l’exploitation de ses parents à Kerbors sur les bords du Jaudy. La ferme porte le nom Livadenn qui en breton signifie teinture en référence à son activité de production de plantes tinctoriales qu’elle cultive pour en extraire des pigments végétaux pour créer des colorants naturels.

Une reconversion réfléchie

L’envie de changer de métier et au même moment le départ en retraite de ses parents l’incitent à réfléchir à reprendre les rênes de l’exploitation, mais en créant une activité nouvelle correspondant à ses goûts et à ses valeurs. C’est au hasard de ses recherches sur Internet qu’elle découvre l’univers des plantes tinctoriales : « Créer des couleurs, transformer la matière, je retrouvais des liens avec mon métier d’architecte ».

Travailler les plantes pour en extraire leurs Couleurs

Elle se forme tout en poursuivant son activité professionnelle : BPREA à distance, stages spécifiques sur l’extraction de l’indigo, beaucoup de lecture et des essais de cultures avant de se lancer concrètement en avril 2022.

Aujourd’hui l’exploitation comprend 30 ha en mode biologique dont 29 ha exploités en céréales et 1 ha consacré aux plantes et fleurs tinctoriales.

Un travail varié

L’activité est rythmée par les saisons. Le printemps est consacré aux semis et aux plantations. À l’été vient le temps du binage et des récoltes, période chargée car les fleurs doivent être ramassées tous les 2 jours. Puis au cours de l’automne et de l’hiver, il faut travailler les plantes pour en extraire leurs précieuses couleurs. Elle cultive 12 tinctoriales, chacune ayant ses propres propriétés. Les principales : la renouée des teinturiers pour produire l’indigo, la garance dont la racine donne du pigment rouge, la Reseda luteola dont le jaune est extrait à partir de sa tige.

De la production de la graine jusqu’à la commercialisation, les activités sont très diverses et c’est ce qui lui plaît.

Sophie Ogel / Cerfrance Côtes d’Armor

Un marché de niche

On ne compte que quelques producteurs de plantes tinctoriales en France. De nouveaux projets émergent, mais plutôt à petite échelle « sous forme de jardin pédagogique notamment, et souvent avec une valorisation de la production en produits transformés ou pour animer des stages ».

Stéphanie Hegaret vise une production de produit brut (teinture, colorant) qu’elle vend sur toute la France via sa boutique en ligne. « Ma clientèle est constituée majoritairement de professionnels ». Elle cherche à développer ses débouchés auprès des industriels, mais également auprès des designers et artistes en quête de produits naturels.

Pour diversifier sa gamme, dans cette phase de démarrage d’activité, elle produit des plants en vente directe sur l’exploitation et des fleurs vendues en bouquets (fraîches et séchées) l’été sur le marché de Pleubian.

Si pour l’instant il reste encore à parfaire l’organisation du travail, elle est satisfaite de son nouveau métier : « Ce que je produis suscite de belles émotions et cela donne le sourire aux gens ».


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