Michel Uzenot et son épouse Michèle étaient associés à un autre couple sur une exploitation comprenant 3 ateliers, sur 3 sites : une soixantaine de laitières à Noyal-Pontivy, une centaine de truies et un élevage de génisses à Kerfourn. À son départ, en 2019, le Gaec a cessé la production laitière, dont il avait la charge ; « J’ai récupéré mes 46 hectares sur le site de Noyal, que je souhaitais transmettre à un jeune. Le problème, c’est que je n’ai que 6 hectares accessibles (routes, proximité de la ville de Pontivy). Moi, j’ai bénéficié, pendant ma carrière, d’un parcellaire groupé grâce à des échanges avec des voisins. Mais il s’agissait d’échanges, il n’y a pas eu de ventes. Donc, je ne voyais pas d’inconvénients à transmettre à quelqu’un qui change de production ». D’autant plus que les bâtiments sont évolutifs, rectangulaires et sans poteaux intérieurs.
Je ne voyais pas d’inconvénient à ce qu’il change de production
Deux années de réflexion
Les époux Uzenot avaient entamé une réflexion sur la transmission dès 2015, en assistant à une réunion organisée par la Chambre d’agriculture et la MSA. Aucun de leurs enfants n’était intéressé pour reprendre la ferme. « Je n’ai pas eu besoin de faire beaucoup de démarches pour trouver un porteur de projet. C’est dans un cadre professionnel que j’ai rencontré le repreneur. Salarié dans le monde agricole, il avait un projet d’installation avec son frère pour produire des pommes de terre, des légumes et des céréales, dans une commune voisine ». La réflexion de part et d’autre a duré deux ans, avec des visites sur site, du repreneur et de son frère. « On s’est mis d’accord sur le prix et les modalités de la transmission. En 2019, nous avons créé une EARL à deux et un GFA pour 46 hectares car certaines parcelles avaient été achetées à la Safer quelques années avant (moins de dix ans) ». 45 % des parts pour le jeune et 55 % pour le cédant. Dans l’intervalle, le troupeau de Normandes est vendu à un éleveur de Normandie qui augmentait son cheptel. Une vraie satisfaction ; une reconnaissance pour le travail de sélection fourni pendant plusieurs années.
Un an plus tard, en 2020, Michel Uzenot tire un trait, comme prévu, sur sa carrière. « Mon jeune associé poursuit avec son frère, en EARL, après avoir repris les bâtiments. Je travaillais en Cuma intégrale ; j’avais peu de matériel. Il a racheté mes parts du GFA, en 2022 ». Il se réjouit d’avoir appréhendé sa retraite suffisamment tôt et d’avoir été conseillé par un comptable et un notaire « qui ont facilité les démarches lors de la transmission ».
Dans le monde associatif
De son côté, son épouse a poursuivi son activité dans le Gaec initial (jusqu’en mai 2023). L’ancien éleveur, qui avait beaucoup de responsabilités à l’extérieur, s’épanouit dans sa nouvelle vie de retraité en s’investissant dans le monde associatif.
Il témoigne pour sensibiliser les futurs cédants
Michel Uzenot intervient dans la formation Transmission organisée tous les hivers (1 jour par mois durant 5 mois) par le Civam. « J’explique mon parcours et la manière dont j’ai cédé mon exploitation. La transmission ne s’improvise pas ; je constate que beaucoup de futurs cédants s’y prennent trop tardivement. Il faut se préparer à transmettre un bien qu’on a mis des années à acquérir, puis à maintenir en état pour qu’il soit transmissible (moralement, financièrement). Il faut aussi appréhender sa vie de retraité ». Le Civam propose des diagnostics de territoire sur l’état de la transmission, du porte-à-porte sur les fermes à transmettre pour sensibiliser, une formation et des cafés transmission, des accompagnements individuels de cédants ou de binômes cédants-repreneurs.