Deux zones distinctes ont été définies sur la base des pluies et du drainage. La zone A (pluie cumulée > 500 mm) a eu un drainage important ; les valeurs de RSH sont donc principalement liées à la minéralisation de l’hiver. En zone B (pluie cumulée < 500 mm), le drainage n’a pas lixivié tout l’azote disponible à l’automne ; il reste donc de l’azote disponible dans le sol, notamment dans le 3e horizon (60-90 cm).
Hiver doux aux pluies contrastées
Cet hiver a été doux, avec peu de périodes de froid et de gel. Les températures moyennes d’octobre à janvier ont été équivalentes ou supérieures aux normales de parfois plus de 3,5 °C. Ces températures douces sont favorables à la minéralisation de l’azote qui a permis de maintenir les niveaux de reliquat dans le sol proches des valeurs habituellement observées en sortie d’hiver, malgré un drainage important dans certains secteurs.
Les pluies ont été certes considérables mais avec un contraste important entre le nord-est de la région et l’ouest et le sud. Entre le 1er octobre 2023 et le 15 février 2024 les pluies cumulées vont de 400 mm à Rennes (équivalent à la normale 1991-2020) à 875 mm à Brest (+15 % par rapport à la normale 1991-2020 (1), avec des zones encore plus arrosées dans le Centre-Finistère. Les pluies ont eu lieu tout au long de l’hiver, avec un pic fin octobre-novembre et en janvier. Le drainage a commencé relativement tôt, dès mi-octobre dans l’ouest de la Région. Il est arrivé plus tardivement à l’est, vers mi-novembre. Les lames drainantes vont de 150 mm (Est 22 et Centre 35) à 600 mm (Centre 29 et Ouest 56). Cette variabilité des conditions météo hivernales nous a conduits à proposer 2 zones pour les RSH céréales d’hiver 2024 différenciées par un seuil de pluie de 500 mm.
Potentiel de rendement des parcelles à confirmer
Le raisonnement de la fertilisation azotée se base sur un bilan, reprenant les besoins des cultures, les fournitures en azote du sol et le RSH de l’année. Les besoins en azote des cultures sont définis à partir du rendement objectif de la parcelle. Cette année, vu les conditions difficiles d’implantation des céréales, les engorgements ponctuels des parcelles… les rendements prévus ne seront probablement pas toujours atteints. Dans certains cas, il est donc souhaitable de revoir les rendements objectifs et d’ajuster la fertilisation prévisionnelle en conséquence.
Deux zones différenciées par un seuil de pluie de 500 mm
Des RSH colza à 20 kg N/ha
Les RSH colza ont été mesurés sur 17 parcelles sur la région. Les résultats ne montrent pas d’effet des apports organiques au semis, de la profondeur du sol ou de la zone climatique. Les colzas étant généralement bien développés en cette fin d’hiver, ils ont prélevés l’azote disponible et le reliquat d’azote est assez faible.
Le RSH colza à considérer en l’absence de mesure spécifique est donc de 20 kg N/ha.
Pour ajuster au mieux la dose d’azote à apporter, il est important de bien estimer la biomasse du colza. L’estimation de la biomasse peut se réaliser au champ ou par satellite à l’aide notamment de Mes SatImages.
Fertilisation azotée à adapter aux besoins et au développement des céréales
Le semis et le développement des céréales cet hiver ont été très dépendants des conditions climatiques. On retrouve donc une diversité de situations sur la région. Les blés semés mi-octobre dans l’est de la Région sont proches du stade épi 1 cm. Dans d’autres secteurs, les semis ont été tardifs, parfois mi-décembre et les blés sont à peine au stade tallage. Les besoins des céréales sont donc dépendants de leur développement.
Avant le stade épi 1 cm, la plante n’est généralement pas capable de valoriser plus de 50 kg N/ha et donc l’apport au tallage doit être limité à maximum 40 uN (car de l’azote est encore disponible dans le sol). Pour savoir si un apport est nécessaire, il est essentiel d’observer les signes de jaunissement des plantes pouvant signifier un manque d’azote (sur des essais bandes doubles densités ou sur les zones de croisement des passages de semoir par exemple). Attention, un jaunissement peut aussi être lié à un excès d’eau et une asphyxie des racines. Dès la reprise de la végétation, notamment pour les plantes ayant souffert d’un excès d’eau cet hiver, l’apport sera bien valorisé par les cultures qui auront plus de besoins, contrairement à un apport précoce, souvent mal valorisé.
Dès le stade épi 1 cm, les besoins de la culture sont plus importants, c’est pour cela que l’apport principal d’azote est généralement réalisé à ce stade. Pour les céréales proches du stade épi 1 cm, il ne faut pas attendre pour réaliser un apport.
L’apport réalisé en fin de montaison, autour de 40 kg N par hectare, peut-être revu à la hausse ou à la baisse par un outil de pilotage de la fertilisation, tel que Mes SatImages. Par l’observation des plantes, celui-ci précisera la dose d’engrais nécessaire à la bonne atteinte du rendement optimal et d’un taux de protéines satisfaisant à la parcelle ou dans les différentes zones des parcelles. Cela permettra d’éviter les gaspillages qui peuvent être économiquement pénalisants.
Pour définir les quantités d’azote apportées à chaque fractionnement, il faut estimer au mieux la dose prévisionnelle en intégrant le RSH correspondant à sa situation.
On note une variabilité non négligeable, notamment en zone B, avec des RSH allant de 35 à 80 kg N/ha pour un sol de plus de 60 cm.
Laure Beff / Chambre d’agriculture de Bretagne