Dossier technique

Du haut de l’arbre au plancher des vaches

Après une carrière d’élagueur, à 45 ans, Sébastien Harmand se forme au CFPPA du Rheu pour embrasser la profession de pédicure bovin. Rencontre.

18799.hr - Illustration Du haut de l’arbre au plancher des vaches
Sébastien Harmand lors d’une matinée de pratique du parage dans le cadre de la formation du CFPPA du Rheu.

« Même si la forêt, c’est ma vie, j’ai passé mon enfance en Camargue avec les veaux dans la ferme d’à côté », sourit Sébastien Harmand. À 45 ans, il vient de se lancer dans une reconversion professionnelle. Redescendant ainsi du haut des arbres sur le plancher des vaches. Depuis septembre dernier, dans le cadre d’un contrat de professionnalisation à la clinique Vet&Shère de Malestroit (56) qui propose un service de parage, il se lance dans le métier de pédicure bovin. Un changement de trajectoire suite à son déménagement en Bretagne il y a deux ans pour raison familiale. « Auparavant, j’ai travaillé dix ans à mon compte comme élagueur dans les Cévennes. Ici, j’ai eu du mal à relancer cette activité… » Un peu par hasard, la rencontre de Coralie Crouton, pédicure indépendante en Ille-et-Vilaine, a été déterminante. « Elle m’a parlé de sa passion pour son métier, de l’impact que les problèmes de pied ont sur le bien-être des bovins et la rentabilité des élevages. Intrigué, je l’ai suivie pour plusieurs journées de découverte. »

Un bon rendu plutôt qu’un bon rendement

Monter en compétences et atteindre l’autonomie

Comme Coralie quelques années auparavant, Sébastien Hamand suit la formation pour pédicure bovin du CFPPA du Rheu (35). « Durant les semaines d’apprentissage, nous sommes encadrés par un vétérinaire et des pareurs expérimentés. Peu à peu, ils nous font monter en compétences et gagner de la confiance pour aller vers l’autonomie nécessaire à cette activité. » Au Rheu, en salle comme en conditions réelles dans des fermes avoisinantes, les stagiaires étudient les lésions et leurs différents stades de gravité, les bonnes postures de travail, les techniques et astuces pour parer… Mais pas seulement : « Nous apprenons aussi à conseiller l’éleveur. Qu’est-ce qui se cache derrière ses problèmes ? Le bilan lésionnel nous permet d’identifier la pathologie dominante. Pour qu’il puisse ensuite travailler sur les facteurs de risques associés en actionnant les bons leviers : le confort du bâtiment, l’hygiène, l’alimentation… » 

Un travail dans le détail

Comme en élagage, en parage, on apprend à chaque chantier, note Sébastien Harmand. « Le métier de bûcheron-élagueur, ce n’est pas juste tenir une tronçonneuse… C’est une activité de précision. Il faut connaître la biologie du végétal pour savoir comment un arbre va réagir à une intervention », explique l’apprenant. « Le parage, c’est la même chose, ce n’est pas faire du copeau au pied de la cage. C’est au contraire un travail dans le détail. En élevage, il s’agit de déterminer pourquoi la vache nous a été présentée et faire en sorte qu’elle marche mieux quand nous la relâchons. » Dans les exploitations, le Breton d’adoption veut atteindre le même niveau de qualité avec les vaches qu’avec les arbres auparavant en privilégiant avant tout « un bon rendu plutôt qu’un bon rendement » pour apporter à ses clients une plus-value sur le long terme.


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