Passionnée par les fleurs et la création de bouquets, Soizic Drouet a travaillé pendant une quinzaine d’années chez différents fleuristes à travers la France, ainsi qu’en Belgique. Ce qui a permis à cette fille d’agriculteur ligérien et à son compagnon, Charly Figueres, de découvrir différentes régions. Mais à l’aube de la trentaine, c’est finalement en Bretagne que le couple choisit de poser ses valises pour concrétiser un projet professionnel. « L’idée était d’avoir un projet qui soit aussi un lieu de vie, explique Soizic. J’avais déjà travaillé dans plus d’une dizaine de boutiques. Mais je ne m’y retrouvais plus, je rêvais d’exercer mon métier différemment ».
À l’époque, les fermes florales, connues depuis longtemps à l’étranger, commencent à se développer en France. Intéressé par la démarche, le duo décide de mettre le cap sur l’Irlande pour une année de woofing sur différentes exploitations : maraîchage, floriculture… Confortés dans leur démarche par ces différentes expériences, ils entament leur recherche de terrain sans plus attendre. Depuis la verte Erin, la quête s’organise. Le bon coin, Agriaffaires et les sites de notaires sont passés au peigne fin. « Nous avions ciblé le Finistère Sud, la zone de Concarneau, Scaër, Bannalec. Et l’on s’est rendu compte que les terrains de 3 à 7 hectares partaient très vite ! »
Croire en son projet
De retour en Bretagne, Soizic et Charly dénichent enfin la perle rare : une parcelle de presque 6 hectares, dont 1 hectare de zone humide, au lieu-dit Pont ar bleiz, sur la commune de Pont-Aven. Ayant essuyé un refus de financement bancaire, le tandem ne se décourage pas et acquiert le terrain sur ses fonds propres. « On s’est dit que l’on croyait dans notre projet et que l’on était prêt à y aller par étapes ». Quelques mois plus tard, au cours de l’hiver 2021, un conseiller du Crédit Mutuel de Bretagne les rappelle et, cette fois, le crédit est octroyé. Avec le soutien de l’établissement coopératif, la ferme florale « La fleur bretonne » franchit un nouveau cap et investit : matériel d’irrigation, cuve, bâches, serre multichapelle…
« Initialement, mon objectif était de produire des fleurs pour les fleuristes du coin », rappelle Soizic. Après prospection auprès d’une cinquantaine de professionnels des environs, la jeune femme recense ainsi une trentaine de magasins intéressés. Sur son site internet, ceux-ci peuvent consulter l’offre disponible et passer leurs commandes afin d’être livrés sur leur pas de porte. Mais malgré des débuts prometteurs, à l’approche de l’été 2022, alors que la production bat son plein, la dynamique s’essouffle. « Nous nous sommes donc tournés vers les marchés bio de Trégunc et de Concarneau. Et là, ça a accroché tout de suite avec les particuliers ! »
Une approche plus durable
En effet, si 80 % des fleurs proposées aujourd’hui en France sont importées, de plus en plus de clients s’orientent désormais vers une production locale, de saison, dans une approche plus durable. « Nos fleurs labellisées bio sont compétitives en termes de prix et bien souvent même moins cher que les fleurs produites en Hollande dans des serres chauffées, et acheminées ensuite en camion frigorifique, souligne Soizic, qui a adhéré au collectif de La Fleur Française. Il y a beaucoup de fleurs qui peuvent pousser ici en extérieur, même si de mi-novembre à mi-mars, la production s’arrête ». Une période creuse mise à profit pour planter les fleurs annuelles, entretenir les vivaces…
Grâce à la diversification de ses débouchés – fourniture de fleuristes en fleurs françaises, vente directe sur les marchés, abonnements pour particuliers et professionnels, mariages –, la jeune horticultrice est aujourd’hui dans son plan de marche. « D’ici à deux ans, nous devrions avoir atteint notre rythme de croisière », confie celle pour qui marier les couleurs et créer des ambiances à partir des fleurs qu’elle a produites constitue désormais une vraie récompense. « Changer les âmes, changer les cœurs avec des bouquets de fleurs »… C’est cela, le pouvoir des fleurs !
Jean-Yves Nicolas
Sens et pertinence (opinion)
Soizic Drouet, c’est une évidence, a de l’expérience et des connaissances techniques dans le domaine de la production et la commercialisation de fleurs. Mais c’est aussi quelqu’un qui sait communiquer sa passion lorsqu’elle présente son exploitation et ses projets. Elle opère sur un marché de niche mais les gens sont de plus en plus sensibles aux conditions de production des fleurs et à leur origine. L’acte d’achat fait sens !
En vendant sans intermédiaire, elle propose ses bouquets à prix abordable. Alors que dans le même temps, le coût de production des fleurs cultivées à grande échelle grimpe, notamment avec l’augmentation des charges liées à l’énergie. Son équation économique et environnementale gagne donc en pertinence au fil du temps.
Jérémy Bernard, responsable de clientèle agricole, pôle d’expertise CMB de Concarneau
Chantal babolat
Bravo Soïzic pour cette initiative qui est en parfaite harmonie avec tes convictions et tes choix de vivre en Bretagne avec les fleurs
Tu es douée et courageuse
Vous êtes tous les deux avec Charly un modèle de jeunes heureux et épanouis
Je vous souhaite malgré tous les aléas que vous rencontrez une belle réussite et beaucoup de bonheur