« L’IED accélèrerait la diminution des élevages »

André Sergent est revenu sur les chiffres de l’agriculture bretonne, à la veille de l’ouverture du Salon international de l’agriculture. Le nombre d’animaux continue de baisser, des directives comme l’IED font craindre une tendance de fond de décroissance de l’élevage.

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André Sergent souhaite alerter les responsables politiques lors du prochain Salon de l’agriculture, car « nous sommes dans un contexte de tension ».

Le président de la Chambre régionale d’agriculture dresse le bilan des 11 derniers mois, à quelques jours de l’ouverture du Salon parisien. « Nous sommes dans un contexte sous tension, avec des mouvements qui veulent maintenir la pression. La volonté des syndicats est que ce salon se tienne, mais en alertant nos responsables politiques », introduit-il.

Sous la barre des 700 000 vaches

Sur les 11 derniers mois, la production laitière bretonne a reculé de 3,8 %, pour s’établir à 5,16 milliards de litres, « soit une perte de 200 millions de litres. En moyenne, le lait conventionnel a été payé 443 € et 477 €  le lait biologique qui représente 5 % de la collecte (272 millions de litres) », chiffre Maud Marguet, du service communication de la Chambre d’agriculture. Le cheptel suit une tendance baissière (-2,1 %), la région compte désormais moins de 700 000 vaches laitières.

En production porcine, « après des moments compliqués il y a 3 ans, nous connaissons 2 bonnes années consécutives, la rentabilité est là. Pourtant, il y a un repli, qui s’explique par des rénovations et des constructions de bâtiment qui ne se font pas, un certain nombre d’éleveurs ne souhaitent pas céder leur outil car trop usé. C’est inquiétant, on risque de se retrouver dans une situation où les outils industriels n’auront pas assez de marchandise ». Les abattages de cochons s’élèvent à 13 millions, soit une baisse de 3,9 % par rapport à l’an passé. Cette baisse s’observe également chez nos voisins « européens, l’Allemagne est à -7 % quand l’Espagne est à -6 % », note Nathalie Le Drezen, chargée de mission économie-emploi. Au sujet de la directive IED sur les émissions industrielles, « nous n’avons pas de grosses structures par rapport à l’échiquier européen. Si cette directive s’applique à tous les élevages, cela accélérerait encore la diminution du nombre d’éleveurs », craint André Sergent.

Le consommateur choisit des protéines plus abordables

Même constat de recul dans la production de volaille de chair (-3,2 %), encore plus marquée en dinde (-7 %). En parallèle, « le prix de l’aliment a baissé de 24 % en 1 an ». L’export recule, les importations augmentent, dopées par des arrivées d’origine ukrainienne. Cette origine « a triplé, le pays est le 2e fournisseur après le Brésil, il va le dépasser », prévoit Nathalie Le Drezen. Comme les œufs, la consommation de viande de volaille « continue à progresser, ce sont des protéines abordables en prix », conclut le président.

Une perte de 200 millions de litres de lait en 1 an

Ouvrir l’esprit des jeunes

André Sergent estime que parfois le corps enseignant « oriente vers un modèle précis d’agriculture, or il doit ouvrir l’esprit », et ajoute que pendant les manifestations des semaines passées « il y avait énormément de jeunes. Ils veulent entrer dans le milieu agricole, mais sont très soucieux ». Au sujet de l’installation, et en prenant tous les projets, aidés ou non, « pour une installation, il y a 2 départs », selon Nathalie Le Dreven.


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