« Soutenir davantage l’élevage »

Synthétisant les causes multiples de la gronde actuelle, Loïc Guines demande davantage de dialogue entre agriculteurs et pouvoirs publics et de la clarté sur la direction à prendre.

18967.hr - Illustration « Soutenir davantage l’élevage »
Loïc Guines, président de la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine.

Revenus longtemps trop faibles, réglementations, décapitalisation, Pac de plus en plus compliquée et illisible, changement climatique, phytosanitaire… « Les raisons qui ont poussé les agriculteurs à exprimer leur mécontentement sont multiples », a déclaré Loïc Guines, président de la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine, le 9 février lors d’un point presse à Rennes.

« Le Green deal pas suffisamment expliqué »

« Si le Green deal est une feuille de route pour l’Europe, il n’a pas été explicité clairement aux paysans. Il leur impose des normes. La montée en gamme souhaitée par le Gouvernement se trouve actuellement en grande difficulté. Et elle n’est pas appuyée au niveau européen. Les agriculteurs se sentent perdus. »

Les normes sont non seulement imposées par l’État ou par l’Europe « mais aussi par nos entreprises y compris agroalimentaires qui s’orientent vers des segmentations engendrant des contrôles, des certifications sur les fermes. Les agriculteurs n’ont que peu de retour économique. » Selon Loïc Guines, il faudrait « mettre tout sur la table » pour globalement réduire l’administratif. « Les jeunes ne sont pas entrés dans ce métier pour cela. »

Si la France a régressé pour devenir 6e exportateur mondial, ce n’est pas si dramatique aux yeux de l’éleveur. « Pourquoi ne pas aller vers davantage d’autonomie. À qui rapporte l’exportation ? », questionne-t-il. Sur les produits phytosanitaires, « il faudrait sans doute simplifier. » S’agissant du bio, la question de sa disponibilité dans la distribution, de la répartition des marges et le besoin de davantage d’aides aux producteurs est évoquée. « La loi Egalim doit aussi être appliquée par les collectivités », qui, rappelons-le, doivent proposer 50 % de produits durables dont 20 % de bio dans leurs menus. « Actuellement, il n’y a aucun moyen de faire pression sur ces obligations. »

Annonces mitigées

Concernant les annonces récentes du gouvernement, Loïc Guines voit la mesure de pérennisation et de plafond du Tode (dispositif d’exonération de charges patronales pour les employeurs de saisonniers agricoles) comme positive tout comme les incitations fiscales à la transmission et le plan fiscal et social de 150 millions € pour l’élevage bovin. Par contre, il dénonce la révision de la directive européenne sur les émissions (IED). « Les exploitations de taille familiale ne doivent pas être traitées comme des industries. On risquerait de favoriser les très grandes exploitations qui auraient les moyens de se mettre aux normes. »

« Plus de souplesse » sur les prairies

« Sur les prairies permanentes, nous ne sommes pas rassurés. Nous demandons davantage de souplesse, avec un ratio national. Si une prairie permanente est abimée, pourquoi ne pas la retourner en gardant la même quantité de prairies sur l’exploitation ? Il faudrait aussi moins de contraintes lors d’une installation par exemple pour un passage de production laitière à des porcs… », note Loïc Guines qui ajoute que si l’élevage bovin régresse, des prairies vont disparaître. Des solutions à ce recul peuvent être trouvées : haies, allongement des rotations de cultures…


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