La question centrale du revenu des agriculteurs ne sera réglée que si on élabore un vrai projet pour l’agriculture et l’alimentation. Il faudra pour cela commencer par (re)définir le périmètre qui, dans le contexte présent, ne peut être qu’européen. À cet égard, l’instrumentalisation actuelle de l’Europe, et de ses agriculteurs en particulier, à des fins de racolage politique est totalement irresponsable. L’Histoire l’a en effet suffisamment démontré : le repli sur soi ne protège pas. Mesurons la chance que nous avons de pouvoir construire un futur à Vingt-Sept.
En agriculture, le chantier de reconstruction est énorme. Il faut rebâtir 30 ans de détricotage de la politique agricole commune dont deux coups de boutoir ont fini par la dévier de ses objectifs initiaux. Le premier coup date de 1992 quand la Pac a été livrée aux velléités commerciales et financières. Puis en 2018 avec le tournant de la renationalisation des aides Pac incompatible avec un vrai projet européen commun. C’est comme
si dans un Gaec chacun faisait
à sa sauce…
Si l’Europe veut renouer avec les 5 objectifs définis dans le Traité de Rome – dont : « Assurer un niveau de vie équitable à la population agricole » –, il faut que la France, en particulier, arrête de prendre des décisions qui ne s’appliquent qu’à l’agriculture et aux produits français. On ne peut pas en effet vouloir exporter chez ses voisins européens et faire la chasse aux produits agricoles espagnols, allemands, etc. Mais dans ce cas, il faut aussi que l’UE applique, dans un esprit de souveraineté alimentaire partagée, un socle commun de règles sociales, fiscales, environnementales. Sans règles minimales communes sur lesquelles s’accordent les pays membres, il n’y a pas de saine concurrence, pas de sécurité en matière de revenu pour les agriculteurs. Plus globalement, pas d’avenir pour l’agriculture européenne et française.
Mesurons la chance que nous avons de pouvoir construire un futur à Vingt-Sept