« Nous avons, en conchyliculture, différents types de besoins et de métiers », indique Bruno Amosse, représentant du CRC (Comité régional conchylicole). « Nous embauchons des salariés en CDI annualisés, des saisonniers d’octobre à avril et désormais, depuis quelques années, des saisonniers en été dans nos espaces de dégustation, vente directe. Nos deux problèmes majeurs sont la méconnaissance des demandeurs d’emploi de nos métiers et notre difficulté à loger nos salariés ». En octobre dernier, le CRC a organisé, avec ses partenaires, le Conch’ Tour : des visites d’entreprises de la production à la mise en marché. 50 demandeurs d’emploi y ont participé, sur une journée. « Ça nous a permis d’embaucher quelques personnes », rassure le conchyliculteur. Les agriculteurs ont les mêmes soucis ; ils travaillent sur le moyen terme en ciblant les classes de 4ème et de 3ème au collège : « c’est l’âge où ils commencent à parler d’orientation », justifie Hélène Loric, élue à la Chambre agriculture, en charge de l’attractivité. « Nous y allons en binôme, chef d’entreprise et salarié, pour décrire nos différents métiers. L ’autre jour, sur une soixantaine d’élèves, trois connaissaient l’agriculture… ».
Moyens de transport en zones rurales
« Certains demandeurs d’emploi se laissent séduire. Ils s’installent à 20 km, au nord de la RN 165 (4 voies de Brest à Nantes) », déplore Bruno Amosse. « Il n’y a pas de recette miracle concernant le logement », indique Xavier Raffray, directeur du Sérémor, « surtout dans la zone littorale. Pour inciter les gens à sortir des villes et à venir travailler dans les fermes, la mobilité est essentielle. L’une des préoccupations des salariés potentiels est de travailler à un maximum d’une vingtaine de minutes de chez eux. Sans modes de transport dont bénéficient les villes (bus, RER, métro, vélo…), les zones rurales sont pénalisées ». Jean-Luc Hilary, président de l’association des salariés agricoles 56, indique que certains employeurs cherchent un logement pour leurs salariés mais que ce n’est pas le seul problème : « l’accueil est essentiel. Avant, les salariés étaient issus du milieu agricole. Ce n’est plus le cas. Le premier conflit potentiel, c’est quand l’agriculteur considère que le salarié doit être autonome, tout de suite. Il faut les intégrer et les former ». L’embauche et la fidélisation des salariés est essentielle, certains d’entre eux reprendront les exploitations…
Temps partagé entre terre et mer
Gabriel Michelet, salarié, a trouvé un logement sur le littoral. « J’habite à 5 mn du parc conchylicole et de la ferme dans lesquels je travaille à temps partagé. J’ai deux patrons depuis 8 ans. En hiver, je fais 60% du temps aux huîtres et 40% à la ferme ; l’été, c’est l’inverse. C’est une exploitation de grandes cultures, donc le temps de travail est assez facile à organiser. Je fais beaucoup d’heures, y compris le samedi et je prends peu de vacances. Dans dix ans, ce ne sera sans doute plus le cas ».