Les projets de production d’énergie renouvelable attisent les convoitises : « Il y a 80 développeurs de projet en Bretagne, parfois étrangers, dont l’objectif est de faire de l’argent. Beaucoup sont Allemands et financent en fonds propres », indique Christophe Laly, directeur de la SEM 56 énergies (société d’économie mixte). La SEM étudie et accompagne les projets publics et privés, autour de 6 énergies renouvelables telles que le photovoltaïque, la méthanisation, le BioGNV, l’hydrogène, l’hydrolien et l’éolien. « Nous investissons en direct ou en prenant des participations dans des installations de production ». À Elven (méthanisation), elle est aux côtés des 9 agriculteurs qui sont majoritaires (51 % des parts), avec les communautés de Vannes et d’Elven. Elle est également engagée dans le parc éolien du nord du département aux côtés d’acteurs du territoire. « Les collectivités locales prennent leur part ce qui permet de garder la maîtrise des projets, de favoriser leur acceptation et de capter la valeur ajoutée ». Ces collectivités bénéficient des recettes (taxes) liées à l’exploitation des installations. « Les agriculteurs sont des producteurs d’énergies depuis toujours », indique Laurent Moréac, agriculteur à Pluméliau et vice-président de l’Apepha (Agriculteurs producteurs d’électricité photovoltaïque).
Les toitures produisent
« Nos toitures sont des champs de production. Nous devons agir pour ne pas être des sous-traitants, en augmentant nos compétences et donc, notre autonomie. Prenons les parts de marché photovoltaïque tant qu’il est encore temps ». Jérémy Choquet, aviculteur et administrateur JA 56, abonde : « Notre première installation photovoltaïque date de 2014. Depuis, nous avons progressivement développé pour atteindre 900 kWc. Nous produisons l’équivalent du tiers de la consommation électrique de la commune de Trédion. Les prochains projets seront en autoconsommation, avec vente du surplus car lors des vides sanitaires, les besoins sont moindres ».
Des investisseurs satisfaits
Gaëtan Le Seyec rappelle la position de la Chambre d’agriculture, qu’il représente en tant qu’élu : « Les panneaux photovoltaïques doivent prioritairement être implantés sur les toitures, les sols urbanisés (collectivités), les anciennes carrières et décharges, et les délaissés des fermes ». Une étude réalisée dans 50 exploitations montre la satisfaction des agriculteurs investisseurs : « 75 % des agriculteurs qui ont demandé une étude ont réalisé leur projet. Un tiers d’entre eux ont fait une seconde installation. 86 % optent pour l’autoconsommation. Les installations sur toitures d’élevages n’ont pas eu de conséquences sur les résultats zootechniques ». Le futur démantèlement des installations doit être envisagé dès la genèse du projet. « Comme pour l’éolien, un fond séquestre doit être mis en place, dès l’installation, en prévision du démantèlement dans quelques décennies. Si ce fond n’est pas suffisant, c’est le propriétaire qui devra le prendre en charge », précise Christophe Laly, directeur de SEM 56.
Agir pour ne pas être des sous-traitants
L’agrivoltaïsme, avec des pincettes
Le sujet de l’agrivoltaïsme est largement médiatisé. « Il ne doit pas altérer la qualité et la quantité de la production agricole. Il doit être privilégié sur les terres incultes », indique Gaëtan Le Seyec. Pour Laurent Moréac, les projets photovoltaïques et le système agricole doivent être cohérents et optimisés. «Le projet agrivoltaïque doit être présenté en commission de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF) par l’agriculteur (avec ou sans le développeur) pour marquer son implication». Pour Maxime Buizard, JA national, « l’agrivoltaïsme n’est pas une solution miracle. Nous ne voulons pas de projets alibis, avec 4 moutons par hectare. Le taux de couverture de 40 % ne nous convient pas, car trop élevé (position du ministère de la Transition énergétique). De plus, ce sont essentiellement des agriculteurs propriétaires, préparant leur retraite, qui développeront de tels projets… ».