Le troupeau en race normande de l’EARL de Guélétréo est nourri « sans ensilage ou enrubannage, c’est un système tout herbe, tout foin », aime résumer Christian Salaün, installé avec son épouse Liudmyla à Plougonven (29). Cette saison de pâturage démarre dans des conditions inédites, « elles sont enfin à l’herbe jour et nuit depuis début mars. Le déprimage s’est déroulé de fin janvier jusqu’à aujourd’hui, avec beaucoup d’interruptions. Je n’ai jamais vu aussi peu de portance ». Les prairies multi-espèces se composent de fétuques, de ray-grass, de trèfles ou de luzerne, cette dernière espèce étant utilisée en pâturage comme en fauche. Les 62 ha de la ferme servent aussi à faire pousser 5 ha de switch-grass, graminée pérenne valorisée en sec en litière ou en vert en foin.
Les veaux grandissent très vite
Les éleveurs sont passés depuis peu en vêlages groupés de printemps. « Nous avons pour l’instant eu 44 vêlages, je suis intervenu sur 3 d’entre eux ». L’hiver dernier, la salle de traite a été pour la 1re fois fermée du 22 décembre au 6 février, l’occasion « de saisonnaliser les tâches et de faire un break ». Faire vêler toutes ses vaches en même temps avec le retour des beaux jours demande à être très vigilant sur l’observation des chaleurs : « Il faut impérativement respecter un âge au 1er vêlage à 24 mois ». Pour respecter cet âge à la mise bas des primipares et pour gagner en précocité, des vaches nourrices ont été sélectionnées. « Les veaux grandissent très vite », se réjouissent les agriculteurs, dans un paddock où les jeunes apprennent avec les vaches le pâturage et les clôtures par mimétisme. Les nourrices sont des femelles « qui ne reviendront pas en chaleur, donc destinées à la réforme. Si elles sont sujettes aux mammites ou à des cellules, c’est parfait : les veaux viennent régulièrement téter et vider la mamelle. Les trayons sont très propres ». L’adoption est réalisée quand les veaux sont âgés a minima de 3 semaines pour être suffisamment solides et combatifs, chacune des 4 vaches nourrices s’occupe de 2 à 3 veaux.
« Entendre l’herbe pousser »
« Pour la 1re fois, tous les animaux sont dehors, grâce aux vaches nourrices. Nous utilisons des vélos électriques pour aller au champ, et pour ‘entendre pousser l’herbe’ ». Le tracteur de la ferme n’est que peu utilisé, il s’anime un peu plus à la période des foins. « Il ne fait pas 500 heures par an ». L’EARL essaie de simplifier au maximum son organisation : « Je me prépare à la transmission et simplifie mon outil pour éventuellement céder à une personne non issue du milieu ».
Repères
• 1,5 UTH ;
• 66 vaches laitières et la suite ;
• Environ 240 000 l de lait vendu ;
• 7 vaches nourrices pour 15 veaux femelles sevrés ;
• Vêlages groupés au printemps ;
• 62 ha de SAU en prairies multi-espèce, 46 ha d’accessibles ;
• 5 ha de switch-grass.
Fermer son silo de maïs
La période de pleine pousse de l’herbe approche et avec elle le moment de fermer les silos et de passer en ration 100 % pâturage. Pour y arriver, l’accessibilité au pâturage est un critère clé. À partir de 30 ares/V, c’est possible.
Deux précautions préalables :
• Anticiper la transition alimentaire et créer un décalage de pousse. Juste avant la flambée de croissance de l’herbe, lorsque l’on va arriver sur des temps de retour de 25-35 jours en rentrant au bon stade (stade 3 feuilles), on ferme le silo. Cela arrive en général début/mi-avril.
• Aller faire un tour des prairies pour se rendre compte de la quantité d’herbe disponible et estimer le nombre de jours d’avance en pâturage plat unique : à partir de 12-15 jours, on peut fermer le silo sans crainte.
Autre indication : lorsque les vaches ne veulent plus de ce qu’il y a à l’auge, c’est qu’elles ont assez au pâturage.
Alain Letissier, Plouër-sur-Rance (22)
Zone intermédiaire
Les vaches qui avaient commencé à sortir depuis le 12 février pour déprimer les paddocks moins portants ont dû être rentrées fin février en bâtiment et repasser en ration hivernale durant 3 semaines à cause de la pluie. Elles ressortent de nouveau jour et nuit au pâturage depuis le 12 mars. La ration au 22 mars est de 7 kg de maïs ensilage, 9 kg de pâturage, 2 kg de betterave et d’1 kg de correcteur, pour une production de 23 L/VL/jour avec 45 de TB et 36 de TP. Le silo de maïs devrait être terminé d’ici mi-avril, je ne compte pas en ouvrir un autre, les vaches passeront en pâturage plat unique si tout va bien, tamponné par de l’enrubannage si l’herbe manque.
Cédapa
Arnaud Robin, Questembert (56)
Zone intermédiaire
Fin du tour de déprimage depuis le 22 mars, qui a permis de raser jusqu’à 4 cm. Avec la pluie et la chaleur, les prairies repartent bien, la qualité de l’herbe est aussi au rendez-vous. Par contre les travaux de fauche sur les parcelles éloignées sont en retard car le sol n’est pas portant. J’ai arrêté l’enrubannage dans la ration qui est désormais basée sur 1 kg MS/j/VL de maïs grain broyé et 3 kg MS/j/VL de foin apporté en grande partie le matin avant le pâturage. Le reste de la ration étant faite au pâturage pour une production de 24 à 25 L/ j/VL, les vaches sortent désormais nuit et jour (températures assez hautes et stock de paille bas).
Civam AD 56
Yannick Gauvin, Langon (35)
Zone séchante
On en est aux 2/3 du déprimage des 52 ha accessibles. Après un déprimage ras sur les parcelles séchantes, elles pâturent aujourd’hui des parcelles plus humides. Pour ne pas trop abîmer les entrées, elles n’y restent qu’un jour et pâturent donc moins ras. Début avril elles sortiront aussi la nuit. Elles ont 8-9 kg MS/j d’herbe pâturée et 9-10 kg MS d’ensilage (1/3 herbe, 2/3 maïs).
La production laitière s’élève à 22,5 L/VL/j, (TB 39,1, TP 31,5). Les génisses de 1-2 ans sont sorties le 21 mars. Elles sont en 100 % pâturage sur des parcelles au loin.
Adage