« Dès que les animaux sortent, notre travail change. J’avais hâte. C’est une période que j’aime beaucoup : être dehors, pour faire les clôtures, et voir mes animaux pâturer », révèle Xavier Marchand, à la tête d’une troupe de 400 Romanes depuis 2018. Mais cette année, l’ouverture des portes de la bergerie s’est fait attendre, les terres étant trop humides. Cela a exigé de puiser deux semaines supplémentaires dans les stocks de paille et de foin.
Un lot en bergerie l’été
« Même si une grande partie de mes parcelles sont inondables, mes terres sont sableuses : elles sont donc vite portantes. La contrepartie, c’est qu’elles sèchent aussi très vite en début l’été. » Pour s’adapter, il gère son troupeau en deux lots de mise bas : décembre et juin. Il n’y a donc plus qu’un seul lot au pâturage durant l’été, l’allaitement des agneaux de juin se passant en bergerie, permettant une gestion plus facile de l’herbe et la constitution des stocks de fourrage.
Du trèfle violet pour un enrubannage de qualité
Cette semaine, toutes les brebis ont enfin retrouvé l’herbe. Les paddocks de 2 jours sont gérés au fil avant et fil arrière, pour exiger le passage des animaux sur toute la surface et optimiser la repousse. En fonction du nombre d’animaux, de la quantité d’herbe et de la météo, le fil avance « à œil d’expert ». Les prairies sont pour la plupart des prairies permanentes, assez productives. Les prairies temporaires, constituées de ray-grass d’Italie ou hybride et de trèfle violet, sont réservées à la fauche, et retournées toutes les 2 à 3 ans, permettant 4 coupes d’enrubannage/an. « Le trèfle violet est intéressant pour la valeur alimentaire des enrubannages, préfanés 3 jours au champ. Mais le trèfle prend rapidement le dessus sur le ray-grass… Les dernières coupes, pour ne pas perdre les feuilles de trèfle, l’enrubannage est directement bottelé après avoir séché en andain. Afin d’éviter les problèmes de météorisation, les brebis ne le pâturent qu’à l’automne, en étant rationnées. »
En recherche d’espèces prairiales qui poussent l’été
Xavier Marchand sème aussi des dérobées aussitôt la moisson d’orge et de blé pour un pâturage automnal : du colza fourrager trouve sa place entre 2 céréales, les brebis passent sur les repousses de colza. « J’ai essayé des mélanges de moha et de trèfle incarnat. Si le moha pousse par temps sec, il monte très vite en fleur et est peu appétent… »
Aussi, il reste en veille, « en quête d’espèces moins ‘envahissantes’ que le trèfle violet, mais qui apporteraient autant de valeur protéique à l’enrubannage, qui pourraient être résistantes à la sécheresse et pâturables plus tard à l’automne. Des mélanges prairiaux ou de nouvelles espèces peuvent être intéressants en fourrage stocké ou en dérobée ».
Deux lots de mise bas pour une gestion plus facile de l’herbe l’été
Repères
• 1 UTH ;
• 400 brebis romanes ;
• Productivité : 185 % ;
• 59 ha dont 40 ha en herbe ;
• Fourrages stockés : 297 kg MS/EMP (Moyenne Inosys 2022 : 325 kg) ;
• Concentrés : 287 kg/EMP (moyenne 265 kg) ou 8 kg/kg carcasse produit (7,5 kg) ;
• Solde sur coût alimentaire : 173 €/EMP.
Un système quasi autonome pour 400 brebis
En complément du pâturage, 150 bottes de foin et 250 à 300 bottes d’enrubannage sont nécessaires pour les brebis en lactation et les 3 mois d’hiver. Elles reçoivent de l’orge et des minéraux en complément.
« Je bottèle 25 à 30 bottes de paille de colza (3 ha) pour la litière, et malgré cela, il me manque un peu de paille (produite sur 8 ha d’orge et 7 ha de blé) », explique Xavier Marchand. Car de la paille est aussi distribuée pour les agneaux en finition, avec un concentré à base d’orge. « Je pourrai mettre un peu moins de colza dans mon assolement, mais cette culture y a toute sa place : c’est ma tête de rotation. »