Pour bâtir les nouveaux modèles agricoles, Philippe Dessertine propose d’élargir sa vision au-delà de la Bretagne et de la France pour observer « un monde fondamentalement différent. » Ce professeur agrégé, directeur de l’Institut de Haute Finance et directeur-fondateur de la chaire Finagri, est intervenu lors du colloque « L’agriculture, un enjeu majeur pour faire face aux défis environnementaux ? », organisé par The Land à Rennes le 2 février. Démographie et climat au centre « La démographie croissante est au cœur de la rupture actuelle ainsi que le dérèglement climatique qui s’accélère. Notre modèle ne fonctionne plus avec 8 milliards d’humains et nous ne pouvons plus attendre pour le changer. » Mais « il faut que les gens le veuillent et il faut que ce changement soit désirable par tous y compris par les 4 milliards de pauvres. Il doit enthousiasmer les jeunes. » Le dernier modèle a débuté il y a 250 ans avec la révolution industrielle. Il disparaît pour laisser la place depuis 2000 à une révolution scientifique où « les mathématiques irriguent toutes les autres sciences. » L’ère du « big data » est venue, l’IA générative – dont Chat GPT, utilisant l’apprentissage profond, est l’exemple même – est sortie des laboratoires l’an passé. « Nous allons changer d’ère, les chaînes de valeur vont être modifiées », prévoit Philippe Dessertine. Dans le futur, les agriculteurs auront toujours du travail, étant évidemment dans un secteur stratégique, mais « ils vont aussi devoir changer, intégrer ces technologies, aller vers davantage de développement durable. Et le reste de la société va devoir les écouter. » Les financiers sont prêts Mais qui va financer ce changement de modèle ? Pas les agriculteurs dont le revenu est déjà insuffisant. Pas l’État non plus qui est endetté. Les consommateurs peuvent-ils ? « En France, il y a 10 millions de gens pauvres… » Pour autant, l’économiste reste « optimiste » quant à la disponibilité de fonds. En résumé, l’inflation…
La data pour valoriser les modèles vertueux
Philippe Dessertine invite les agriculteurs à s’emparer du sujet de la valorisation de leurs data. Ces données de l’exploitation peuvent amener à des financements visant des pratiques plus vertueuses.