La méthode ne fait pas consensus dans la filière. Pour des raisons sanitaires (Map, circovirus), le mélange des portées a été déconseillé dans les années 1990. Aujourd’hui, la sociabilisation des porcelets peut être un facteur de risque face aux problèmes de diarrhées néonatales ou de méningites à streptocoques. La Chambre d’agriculture a réalisé une enquête pour connaître l’avis des acteurs de la filière et faire un état des lieux dans les élevages. Elle était présentée par Camille Gérard aux Journées de la recherche porcine (JRP), le mois dernier.
La peur de dérégler une conduite performante
Les vétérinaires et les techniciens interrogés recommandent, en cas de mise en place de la sociabilisation, de regrouper les issus de cochettes ensemble. Le nombre de portées concernées doit être adapté à la taille des cases en post-sevrage. La méthode doit être proscrite en cas de diarrhées. « Globalement, les spécialistes qui y sont favorables l’encouragent depuis 2 ans. Ils mettent en avant l’avantage d’un meilleur démarrage en PS, la diminution des bagarres, l’augmentation du poids de sevrage. D’autres, qui sont plutôt contre, considèrent toujours qu’il y a un risque à dérégler une conduite qui fonctionne bien ». Ils sont dans l’attente de données fiables sur l’impact sanitaire, sur le GMQ, sur l’ingestion d’aliment et le mode d’emploi (âge au moment des mélanges…).
Protocole variable selon les élevages
Le second volet de l’étude porte sur les pratiques de sociabilisation dans 17 élevages de la région, regroupant en moyenne 252 truies. « Il y a peu de maternités récentes ; la moyenne d’âge est de 21 ans. L’une des motivations, pour certains d’entre eux, était de donner plus de place aux porcelets car les cases sont assez petites ». Les conduites en bande et les cases (liberté, classique, ascenseur) sont diverses. Sept élevages pratiquent la méthode sur la totalité des portées. Les couloirs sont utilisés dans 90 % des cas pour assurer un espace supplémentaire pour les porcelets. Certains enlèvent les séparations entre cases. L’âge au moment des mélanges est également hétérogène, du premier jour de vie, à 18 jours. La majorité sociabilise entre 4 et 10 jours d’âge. « Les éleveurs qui ne pratiquent pas à 100 % sélectionnent les portées qui n’ont pas de diarrhées, celles qui sont homogènes (pas de chétifs), celles dont les mères sont en état et ne sont pas agressives ». Les avantages cités par ces éleveurs sont le gain de temps de travail au sevrage (déplacements facilités), le gain d’immunité et la baisse du nombre de bagarres et de stress au sevrage. L’inconvénient le plus cité concerne la praticité : conception de la maternité, déplacements dans les cases, augmentation de la surface salie (lavage). « Ce qui ressort de ces enquêtes, c’est que le protocole est très variable selon les élevages ; les éleveurs qui ne pratiquent pas encore attendent une ligne claire et des éléments plus précis sur le ratio bénéfices/risques ». Les performances et le comportement des animaux seront prochainement évalués lors d’essais à venir à la station expérimentale de Crécom.